L’hormone de l’amour, c'est-à-dire l'ocytocine, aurait les mêmes effets sur le comportement et les émotions que l’alcool. Alcool et ocytocine agissent tous les deux sur la transmission du GABA dans certaines régions du cerveau et favorisent la confiance, la générosité, la prise de risque, voire l’agressivité.


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    Ne parle-t-on pas parfois de l'ivresse de l'amour ? Il semblerait que cette expression trouve une justification scientifique avec les nouveaux résultats que publient des chercheurs britanniques sur l'effet de l'« hormone de l'amour » : l'ocytocine. Hormone peptidique produite par l'hypothalamus et sécrétée par l'hypophyse postérieure, l'ocytocine est notamment fabriquée par les femmes au moment de l'accouchement, où l'hormone joue un rôle important dans la mise en place du lien entre la mère et l'enfant. Mais l'ocytocine intervient aussi dans l'attachement qui se crée lors des relations amoureuses, et de manière générale dans le lien social avec des proches.

    Dans un article paru dans Neuroscience and Biobehavioral Reviews, des chercheurs de l'université de Birmingham ont comparé les études qui existent sur l'ocytocine et l'alcoolalcool. Ils voulaient voir quelles pouvaient être les similarités des effets sur le comportement humain, comme l'explique Ian Mittchell, principal auteur de l'article : « Nous pensions que c'était une aire qui méritait d'être explorée, alors nous avons compilé la recherche existante sur les effets à la fois de l'ocytocine et de l'alcool et nous avons été frappés par les incroyables similarités entre les deux composés. »

    L'ocytocine augmente les comportements sociaux comme l'altruisme, la générosité et l'empathieempathie, elle nous rend plus susceptibles d'accorder notre confiance aux autres. Et si certains se donnent du courage en buvant un verre d’alcool, afin de dissiper peur et anxiété, l'ocytocine semble procurer ces mêmes effets et mimerait les effets de l'alcool. En effet, l'administration intranasale du neuropeptide est associée avec une augmentation de l'altruisme, de la générosité, de l'empathie et de la confiance, tout en diminuant peur, anxiété et stressstress.

    Pour se donner du courage, deux possibilités : boire un verre d’alcool ou faire un câlin… © Tania Cataldo, Flickr, cc by 2.0
    Pour se donner du courage, deux possibilités : boire un verre d’alcool ou faire un câlin… © Tania Cataldo, Flickr, cc by 2.0

    Alcool et ocytocine suppriment des freins comme la peur et le stress

    Mais l'hormone a aussi sa face sombre : comme l'alcool, elle peut inciter à des comportements agressifs, à la colère : peut-être parce que les mères sont aussi programmées pour être plus agressives afin de protéger leurs bébés.

    Les similarités entre alcool et ocytocine seraient liées à des actions similaires dans le cerveaucerveau, comme l'explique Ian Mittchell : « Ils semblent cibler différents récepteurs dans le cerveau, mais causent des actions communes sur la transmission du GABAGABA dans le cortex préfrontalcortex préfrontal et les structures limbiqueslimbiques. Ces circuits neuraux contrôlent la façon dont nous percevons le stress ou l'anxiété, en particulier dans des situations sociales comme des entretiens ou peut-être même quand on a le courage de demander un rendez-vous à quelqu'un. »

    Une dose d'alcool ou d'ocytocine favoriserait donc la détente, la confiance et augmenterait la prise de risque. L'ocytocine pourrait ainsi proposer une solution pour traiter certaines situations psychiatriques ou psychologiques. Mais si l'ocytocine peut nous donner du courage pour affronter des situations intimidantes, le chercheur préconise une méthode plus naturelle que la prise d'hormones : embrasser son partenaire...