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Grossesse

Et si le sperme était aussi responsable des fausses couches répétées ?

Le sperme des hommes dont la partenaire a subi des fausses couches répétées a l'ADN deux fois plus endommagé que celui des autres hommes, d'après une nouvelle étude britannique, qui met en cause des radicaux libres.

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Et si le sperme était aussi responsable des fausses couches répétées ?

En France, les fausses couches spontanées répétées affectent environ 1 à 2 % des couples désirant une grossesse. Elles sont définies comme la perte consécutive de trois grossesses ou plus avant 12 semaines d’aménorrhée (arrêt des règles).

Michèle Constantini / AltoPress / PhotoAlto / AFP

Le sperme des hommes dont la compagne a subi des fausses couches à répétition avait un ADN deux fois plus endommagé que celui des autres hommes, d'après une nouvelle étude britannique publiée dans Clinical Chemistry. Ainsi, si la santé de la femme est traditionnellement plus examinée par les médecins dans les cas de fausses couches répétées, cette étude montre que la santé de l'homme pourrait également avoir son importance.

1 à 2% des couples essayant de concevoir subissent des fausses couches répétées

"Traditionnellement, les médecins se concentraient sur les femmes pour rechercher les causes des fausses couches récurrentes. La santé des hommes - et la santé de leur sperme, n'était pas analysée", explique le Dr Channa Jayasena, auteure principale de l'étude. Si les arrêts d’évolution très précoces (lors des 3 premières semaines) touchent 50% des grossesses, ce n'est pas le cas des fausses couches spontanées répétées (FCSR), qui affectent en France environ 1 à 2 % des couples désirant une grossesse. Elles sont définies comme la perte consécutive de trois grossesses ou plus avant 12 semaines d’aménorrhée (arrêt des règles). Jusqu'à récemment, on pensait que ces fausses couches à répétition étaient causées par des problèmes de santé chez la mère, tels qu'une infection ou des problèmes immunitaires.

Cependant, les médecins réalisent maintenant que la santé des spermatozoïdes pourrait également jouer un rôle. En effet, le sperme joue un rôle important dans la formation du placenta - aussi appelée placentation -, essentielle à la viabilité de l'embryon. Ainsi, chez la souris, les embryons de 2 génomes paternels ont une formation embryonnaire déficiente mais une formation placentaire relativement préservée. A l'inverse, les embryons de 2 génomes maternels présentent une formation placentaire déficiente, avec une moins bonne formation embryonnaire.

4 fois plus de radicaux libres dans le sperme associé aux fausses couchées répétées

Pour en savoir plus, les chercheurs britanniques ont analysé le sperme de 50 hommes dont la partenaire avait subi des fausses couchées répétées. Ils ont ensuite comparé les résultats à ceux de 60 volontaires masculins dont les partenaires n'avaient pas subi de fausse couche.

L'analyse a révélé que le sperme d'hommes dont les partenaires avaient été victimes d'une fausse couche récurrente avait été deux fois plus endommagé par l'ADN que le groupe témoin. Selon les chercheurs, ces dommages à l'ADN pourraient être déclenchés par des molécules de type dérivés oxygénées réactives (ROS en anglais), des radicaux libres. Ces molécules sont à la base présentes dans le sperme pour protéger les spermatozoïdes qui s'y trouvent des bactéries et des infections. Cependant, à des concentrations suffisamment élevées, elles peuvent causer des dommages importants aux spermatozoïdes. Or, les taux moyens de ROS étaient 4 fois plus élevés chez les hommes dont les partenaires avaient subi des fausses couches répétées que chez les témoins, d'après l'étude. De plus, les hommes étudiés montraient un taux de testostérone et oestradiol - deux hormones ynthétisées dans les testicules -15% plus faible que le groupe contrôle. En revanche, aucune différence significative n'a été observée concernant le volume de sperme, sa concentration, ou la motilité des spermatozoïdes.

Pour contrer ces radicaux libres, l'administration d'antioxydants pourrait théoriquement constituer une solution. Des études sont ainsi en cours pour vérifier l'impact d'un régime alimentaire adapté ou des interventions hormonales sur la qualité du sperme. En attendant, l'équipe de recherche étudie le mécanisme à l'origine des niveaux élevés de ces ROS.

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