Les fantasmes contribuent à l’épanouissement sexuel

fatasme
Jonny Lindner de Pixabay

En tant que sexologues, nous rappelons à nos patients que l’imaginaire érotique est une composante bénéfique à une sexualité épanouie tant pour les femmes que pour les hommes, car ils créent et maintiennent le désir et l’excitation tout au long de l’acte sexuel, c’est à dire du désir à l’orgasme.

Interroger les patients sur la présence ou non, ainsi que sur le contexte et la fréquence de leurs fantasmes sexuels, peut ainsi nous aider à la compréhension du fonctionnement de sa sexualité.

Bien souvent, en matière de dysfonctions sexuelles, notamment en ce qui concerne les troubles du désir, nous constatons chez nos patients un échec de l’activité fantasmatique et de ses fonctions.

Qu’entend-on par « fantasmes sexuels » ?

Les fantasmes sexuels sont des scénarios érotiques, très souvent avec le même script, réaliste ou imaginaire, qui peuvent entrainer ou non une excitation sexuelle.
On ne peut pas complètement les contrôler et ils sont le fruits de nos désirs à la fois conscients et inconscients, révélant ainsi une part de qui nous sommes.

De position d’acteur ou de voyeur, en matière de fantasmes, les rôles et interprétations de chacun sont interchangeables et tout est possible en pensée.

Et justement, les fantasmes font partie du domaine de l’intime et la plupart du temps on ne les expriment à personne, parfois même pas à soi-même !

Une vision du fantasme différente pour chacun

Pendant longtemps il a été tabou d’évoquer l’existence de cette part imaginaire et secrète de la sexualité humaine, principalement pour des raisons sociétales et religieuses. Puis les fantasmes, tout comme l’intérêt pour la sexualité, étaient perçus comme étant uniquement l’apanage de l’homme. Des conceptions remises en cause de nos jours, notamment grâce à la libération sexuelle, à la libération de la parole des femmes ainsi qu’aux études et découvertes menées dans le domaine de sexualité humaine.
Notons que, suivant les moeurs et les coutumes, c’est toujours le cas, et que certains fantasmes peuvent être considérés comme déviants ou non en fonction des croyances socio-culturelles de l’environnement d’un individu.

De nos jours, nos fantasmes sexuels sont favorisés, autorisés, banalisés, mêmes formulés par la société dans laquelle nous nous trouvons et les technologies que nous avons à disposition (accès illimité aux images pornographiques, aux lieux de rencontres réels ou virtuels etc.).

Fantasmer (et le faire savoir) devient presque une norme sexuelle. Ce constat pourrait d’ailleurs déstabiliser et culpabiliser ceux qui rencontrent des difficultés dans leur sexualité.

Quel est le destin de nos fantasmes : réalisation ou jardin secret ?

L’éternelle question a toujours sa place… Néanmoins, rappelons aux hédonistes qu’une part non négligeable de nos fantasmes reste subversive au regard de la loi, de l’ordre social existant ou simplement de notre propre code moral (fantasme de viol, d’exhibitionnisme, de voyeurisme, sadomasochisme violent etc.). Ces types de fantasmes ont plutôt vocation à rester en pensée qu’en acte, afin de pouvoir continuer à jouer leurs rôles de régulateurs des pulsions.

La jouissance à penser et la capacité imaginative de l’être humain (en ce qui concerne notre sujet : la possibilité d’élaborer en pensée des situations à caractère sexuel), permettent l’émergence d’une zone érogène supplémentaire qui serait essentiellement psychique. Car l’univers fantasmatique érotique de l’individu nourrit sa sexualité et le désir qui l’accompagne.

C’est pourquoi nous savons que les fantasmes n’ont pas nécessairement vocation à être réalisés. En revanche, ils ont un rôle important dans la sexualité active.

Fantasmes et satisfaction sexuelle ont rendez-vous

L’imaginaire érotique précède l’activité sexuelle et se construit au cours de la vie et des expériences de l’individu, mais également en fonction de son histoire personnelle singulière et de son environnement social et culturel.

Les fantasmes sexuels constituent des images et des représentations mentales liées à une ou plusieurs expériences spécifiques de l’individu, déjà vécues ou souhaitées. Ces représentations intimes de la sexualité, propres à chacun, sont les déterminants de la sexualité de l’individu.

En effet, au cours de notre vie, nous construisons notre univers fantasmatique individuel, qui nous échappe la plupart du temps, qu’on ne peut totalement contrôler ou assumer, mais qui nous permet de continuer à désirer.

Le rapport sexuel partagé avec un autre est aussi une rencontre de ces deux univers érotiques conscients et inconscients avec cette part d’ombre qui échappe.

Ce monde interne érotique peut survenir à n’importe quel moment du jour ou de la nuit mais est surtout mobilisé par les hommes et femmes, soit au cours de l’activité auto-érotique masturbatoire, soit dans une sexualité partagée avec un ou d’autres.

Sébastien GARNERO, psychologue et sexologue, montre dans son étude[ref]GARNERO S. Imaginaire érotique et fantasmes sexuels [Mémoire pour le Diplôme Inter Universitaire d’Etudes de la Sexualité Humaine]. [Paris, France]: Université Paris V Descartes; 2015. [/ref], réalisée à la suite d’une enquête interrogeant 523 hommes et femmes sur leurs fantasmes, qu’un imaginaire érotique riche participerait au sentiment de satisfaction sexuelle.

La majorité des participants à l’étude déclarent être satisfaits de leur sexualité (82%), c’est-à-dire sans rencontrer de difficultés notables dans leur sexualité.

Les résultats de l’étude permettent de conclure que les fantasmes sexuels sont fréquents chez les hommes et les femmes, principalement plus récurrents chez les hommes, en moyenne 2 à 3 fois par semaine.

Les fantasmes se produisent largement en dehors de toute pratique sexuelle. Ils permettent pour une large majorité d’explorer des pensées et des pratiques sexuelles différentes. Enfin, ils agissent comme des activateurs de l’excitation et aident à augmenter l’excitation avec son partenaire.

Les fantasmes des hommes et des femmes sont majoritairement structurés avec des contenus sexuels explicites, mais radicalement différents et opposés au niveau des contenus entre les deux sexes même s’il y a des thématiques communes.

Les 15 principaux fantasmes féminins et masculins qui ressortent de cette étude sont, dans l’ordre de préférence :

1Fantasmes exhibitionnistes et voyeuristes (avoir une relation sexuelle dans un lieu insolite, une voiture etc…)68%
2Avoir un rapport sexuel avec pénétration vaginale (fantasme bien équilibré au niveau féminin et masculin autour de cette zone fortement érogène)60%
3Adopter des positions sexuelles particulières.48%
4Avoir un rapport sexuel avec pénétration anale.45%
5Faire l’amour avec son ou sa partenaire régulier(e).41%
6Revivre une relation sexuelle antérieure.39%
7Etre caressé(e) par un homme une femme avec beaucoup d’affection37%
8Se faire attacher.35%
9Faire l’amour avec un(e) inconnu(e).34%
10Faire l’amour avec un(e) collègue de travail.33%
11Se faire bander les yeux.33%
12Pratiquer une fellation/cunilingus33%
13Faire l’amour avec deux partenaires ou plus.30%
14Faire l’amour avec une personne du même sexe.29%
15Faire l’amour avec un(e) ami(e).29%

Des fantasmes parfois cause de souffrance

Il important de souligner que pour certains, l’imaginaire érotique est synonyme de souffrance, car envahissant, incontrôlable, constitué de fantasmes essentiellement pathologiques. Outre le mal-être profond que cela entraine, un risque existe qu’un jour le fantasme ne suffise plus et ne joue plus son rôle de substitut à la réalité.
Des lieux de consultations avec des professionnels spécialisés existent (CRIAVS en région, PedoHelp® sur internet) pour en parler et empêcher un passage à l’acte répréhensible et susceptible de faire des victimes.

En conclusion

L’acte sexuel peut tout à fait se suffire à lui-même[ref]GARNERO, Sébastien. « Imaginaire érotique et fantasmes sexuels ». Sexualités Humaines, nᵒ 29 (avril 2016): p 22-34.[/ref], mais l’imaginaire érotique est un véritable appui bénéfique à la sexualité de l’individu. Un univers fantasmatique riche contribue à enrichir la sexualité à deux et augmente l’excitation et la complicité au sein du couple lors du rapport sexuel. Il est donc important de cultiver cette part psychique active dans notre sexualité.

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