Sommeil et médecine générale

"Dormir peu, dormir mieux, vivre mieux."

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Sexsomnie

"Le rêve est l’aphorisme du sommeil". (Georges Perros, "Papiers collés", 1973).

samedi 7 juillet 2007, par guilhem

Les sexsomnies sont des parasomnies à composante sexuelle parfois sans gravité mais dont les conséquences psychologiques, sociales et parfois juridiques peuvent s’avérer dramatiques..
Les étonnants rapports qui existent entre la sexualité consciente d’une part et le sommeil et les rêves, d’autre part, ont été longtemps soumis au carcan des interprétations magiques religieuses, ou ... psychanalytiques.

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Diableries ?

De nos jours, les sexsomnies sont reconnues comme faisant partie de la phénoménologie du sommeil.

AVERTISSEMENT. Le terme de "Sexsomnies" concerne des phénomènes qui font partie de la classification internationale des troubles du sommeil, et sont donc exclusivement liées au sommeil. Il ne faut donc pas les confondre avec ceux qui se produisent durant l’éveil, comme certains troubles du contrôle des impulsions (agonistes dopaminergiques) qui résultent parfois de la prise de médicaments, ou d’autres comme les érection matinales involontaires, par exemple.
Dans cet article de vulgarisation, le terme de "sexsomnie" est compris au sens large pour évoquer l’ensemble des manifestations d’ordre sexuelles en rapport avec le sommeil.

Comme la plupart des parasomnies, ces phénomènes résultent probablement d’un terrain génétique particulier, et sont influencées par la qualité de l’hygiène du sommeil .
Les états dissociés de veille ou de sommeil avec composante sexuelle ne sont pas exceptionnels et on estime qu’ils sont largement sous-estimés.
Ils occasionnent des situations très troublantes qui restent souvent longtemps sans explication.

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Selon le 22° Congrès de la Société Française de Recherche sur le Sommeil, (octobre 2006), 35% des cas répertoriés par enquête téléphonique ont eu des conséquences médicolégales.
Il existe des traitements pour lutter efficacement contre les parasomnies sexuelles dont la présence impose une consultation avec un spécialiste du sommeil.

Écouter ici, à titre d’exemple, un court enregistrement d’une catathrénie (Cf. plus bas) à connotation sexuelle.

"Les comportements sexuels anormaux associés au sommeil doivent être mieux dépistés, osez en parler à votre médecin"

Sommaire de la page :
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"Nightmare" Nikolaj Abraham Abildgaard (1743 - 1809).

  • Définitions des sexsomnies : parasomnies sexuelles
  • Le sommeil occupe un quart de la journée, il est constitué pour environ 20% de sommeil paradoxal, un stade du sommeil où l’on constate (dès l’âge embryonnaire), une congestion réflexe des organes reproducteurs (chez les deux sexes).
    Cf : "Architecture du sommeil".
    À soixante ans, un moine ascétique aura passé 15 ans à dormir, et donc, environ 3 ans en érection (environ 20% de son temps passé à dormir).

    Petit rappel sur l’architecture du sommeil...


    Le sommeil paradoxal est un stade de sommeil qui occupe 15 à 25% de la nuit. Cf "Savoir dormir"
    Il s’en produit à la fin de chaque cycle de sommeil (à la fin d’une période de sommeil lent) soit toutes les cent minutes environ.


    NB : La quantité (et la qualité) du SP augmente au long de la nuit tandis que la profondeur du sommeil lent qui précède s’allège (c’est pourquoi il est fréquent de se souvenir d’avoir rêvé au matin).

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    Hypnogramme normal

    Ce rythme biologique est très spécifique à chaque espèce.
    Cette régularité est connue depuis l’Antiquité, où, dit-on, les Indiens s’en servaient pour mesurer le temps en observant les érections de leurs singes.

    On peut ranger les sexsomnies dans deux catégories, selon que l’acte délictueux a été effectif ou qu’au contraire, il a été interprété à partir de l’observation de certains faits :

    • Les sexsomnies effectives.
    • Les parasomnies sexuelles peuvent aussi entraîner des comportements délictueux involontaires ou inconscients selon le degré d’amnésie qui suit les faits (amnésie totale "post-critique" comme c’est le cas pour l’épilepsie ou simple perte d’inhibition au cours de troubles compulsifs).

      On distingue les parasomnies en sommeil paradoxal des parasomnies en sommeil lent.

      • Sexsomnies du sommeil paradoxal :
        • Exhibitionnisme.
          Un peu anecdotique, mais justifiant une interprétation strictement somnologique, c’est le "matin triomphant", l’érection automatique qui accompagne le réveil et qui peut être (à juste titre parfois) assimilée à un attentat aux mœurs involontaire.
        • Troubles du comportement en sommeil paradoxal (TCSP).,

          Il s’agit de la persistance d’un tonus musculaire (et donc de la possibilité de bouger au cours d’un rêve), correspondant à une dissociation du sommeil paradoxal (Cf.).
          Voir l’article : "TCSP".
          De nombreux couples rapportent des expériences sexuelles associées à des rêves, vécues à l’occasion de demi-éveils dissociés au cours de la nuit.
          Parfois, cela n’occasionne pas de désagrément particulier, mais un certains nombre de ces cas ont des conséquences juridiques.
          On rapporte ainsi des accidents survenus à l’occasion du partage du matelas (Nda. lorsque le voisin de lit n’est pas consentant !).

          Certains TCSP donnent lieu à des comportements agressifs où le sujet qui "vit son rêve" peut avoir des gestes à caractère sexuel.

        • Les "Dyskinésies paroxystiques nocturnes" sont des phénomènes de nature épileptique assez mal connus. Les crises qui surviennent exclusivement au cours du sommeil, peuvent donner lieu à des comportements très spectaculaires, des cris, des insultes et des gestes qui peuvent avoir des connotations sexuelles.
          Nb. Une caractéristique des phénomènes de nature épileptiques est que le sujet n’a aucun souvenir de ses crises et n’en prend conscience qu’au travers du récit de ses proches (qui, dans ce cas sont souvent assez terrifiés).

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          Pseudo ronflement catathrénique
          (mp3, 56’, 210 Ko)
          MP3 - 1.2 Mo
          Catathrénie ... (mp3, 46’, 1,1 Mo)
        • Catathrénie : Cette forme très particulière de parasomnie à type de vocalisations inarticulées d’allures sexuelles, porte le nom de catathrénie depuis 2001 (on l’appelait aussi : "nocturnal groaning" ou "gémissements expiratoires associés au sommeil") [1].

          Les catathrénie se présentent comme de longues plaintes expiratoires entrecoupées de bruits de gorge et de gémissements plus courts qui surviennent par intermittence au cours de la nuit. Elles ne sont associées à aucun rêve et la personne n’en garde aucun souvenir.
          Les bilans de gorge ou de ronflement ne montrent aucune anomalie pas plus que les bilans psychologiques.

          Écouter un enregistrement d’une catathrénie typique et très spectaculaire. (Format mp3 ; 1.30 mn).
          On peut imaginer les conséquences humaines d’un tel phénomène, par le passé, ou si l’entourage est suspicieux ou superstitieux...
          Voir aussi l’article ."Parasomnies" pour écouter trois types de catathrénie ( pseudo-ronflement ; vocalisations sexuelles ; et "hululements" de fantôme...).

        • "Sexsomnies" iatrogéniques (médicamenteuses)
          Bien qu’il ne s’agisse pas de véritable sexsomnies au sens officiel du terme (car ils ne se produisent pas au cours du sommeil), nous avons choisi de parler ici de ces accidents dus aux effets secondaires indésirables de certains médicaments, car ils semblent mettre en jeu des mécanismes similaires.
          Le risque de trouble du comportement sexuel iatrogénique n’est pas encore assez pris en considération.
          • Médicaments dopaminergiques.
            Le Résumé des Caractéristiques du Produit (le RCP) de ces médicaments, utilisés pour la maladie de Parkinson et le syndrome des jambes sans repos, mentionne pourtant le risque d’effets secondaires à caractère hallucinatoire au cours du sommeil (Cf. RCP Requip° en doc. de bas de page).
            - Il est précisé que des perturbations de la dopamine cérébrale semblent impliquées dans les mécanismes qui conduisent à l’addiction (dépendance) et aux comportements compulsifs.
            Suivre le lien pour un article (en anglais) sur l’addiction compulsive au jeu (gambling) en rapport avec les médicaments dopaminergiques : Compulsive Gambling Linked to Parkinson’s Drugs
            (Scientists at the Mayo Clinic in Rochester, Minnesota, have found that certain drugs used to treat Parkinson’s disease can cause patients to become addicted to gambling...).
            - Le risque d’hypersexualité compulsive est beaucoup moins connu mais fait l’objet de plus en plus de préoccupations (Cf. le bulletin de pharmacovigilances (juin 2007). Une hypersexualité compulsive peut apparaitre comme complication possible des traitements dopaminergiques.

            Remarque : un important travail a été fait par le Docteur Anne Frobert pour que ces informations sortent de l’ombre, et que des personnes concernées retrouvent une dignité.
            "Je suis persuadée que ces effets indésirables sont plus fréquents qu’on ne le croit et crains que, vu le nombre des patients traités, ils n’aient été à l’origine de nombreux délits."

          • Codéine, Valium ...
            Un syndrome de manque aux médicaments morphiniques ou aux benzodiazépines peut être en cause (même à distance) lors d’un sevrage trop brutal de ces produits (notamment chez les personnes âgées). On assiste à une exacerbation du sommeil paradoxal qui peut se traduire par une sorte de sexsomnie.

            Nb. Les hallucinations type "éléphants roses" du delirium tremens qui surviennent parfois lors d’un sevrage alcoolique brutal, sont un peu de même nature.
      • Sexsomnies du sommeil lent :
        • Éveils confusionnels : syndrome d’Elpénor.
          Il s’agit d’une ivresse confusionnelle liée à un éveil incomplet au cours du sommeil lent (analogue au somnambulisme).
          Certains faits délictueux ont été rattachés à ces parasomnies (agression de forces de l’ordre, conduite à contre-sens ...).
          Le syndrome d’Elpénor (parfois appelé "somnambulisme délictueux") a pu être en cause dans des délits à caractère sexuel.


          On peut rapprocher ce phénomène des somniloquies où le sujet prononce des paroles plus ou moins intelligibles (et ici, mal venues) au cours du sommeil lent.

        • L’alcoolisation aiguë peut contribuer également à favoriser un "somnambulisme" sexuel avec viol ou contact sexuel avec autrui, accompagné d’une amnésie partielle des faits.
        • Les "mélanges" alcool, anxiolytiques et somnifères peuvent avoir les mêmes conséquences mais l’amnésie est ici plus importante. (Cf."Risque des nouveaux somnifères")
          C’est ce que nous appelons "syndrome J.L. Delarue" en référence à la mésaventure de l’animateur qui pourrait en être la victime la plus médiatique (Cf Doc.), mais il y a, dans notre expérience, bien d’autres victimes de telles "Nonox parties" pas toujours involontaires.

          Les cas "d’assujettissement medico-légal" concernent essentiellement des sujets ayant absorbé des benzodiazépines (valium...) à leur insu (par exemple, dans un verre en discothèque) et qui consomment aussi de l’alcool.
          L’amnésie des faits au réveil est ici parfois totale ...et la découverte d’une éventuelle complication comme une grossesse ou une infection sexuellement transmissible peut rester dramatiquement inexplicable pour l’intéressé(e).

        • Le Syndrome de Kleine-Levin
          Un tableau fait de crises d’hypersomnie récidivantes très particulières qui touche de préférence les jeunes gens (70% de cas masculin).
          C’est une maladie rare (quelques cas pour 1 million de personnes), d’origine génétique, se traduisant par la survenue périodique de crises de somnolence (voir "Hypersomnie", souvent associées à des troubles du comportement notamment sexuel et alimentaire, et disparaissant spontanément en quelques jours.
          On observe qu’elle est fréquemment associée avec un surpoids, ce qui traduit bien l’importance des rapports entre la régulation du sommeil et l’équilibre alimentaire (Cf. "Obésité et sommeil").


          Cette hypersexualité (53% des cas) peut être à l’origine d’agressions sexuelles ou d’activités masturbatoires en public.


          Avant d’être reconnues par les médecins militaires, ces crises (qui surviennent chez l’adulte jeune) donnaient probablement lieu à des mesures disciplinaires injustement dégradantes.


    • Les sexsomnies par interprétation erronée des parasomnies.
      • Syndrome du vagin sans repos.
        Il a été décrit des cas d’impatiences des membres inférieurs qui s’étendraient à toute la partie inférieure du corps (imposant des mouvements du bassin ressemblant au coït) et occasionneraient ainsi une gène insupportable (parfaitement distincte du désir sexuel) s’étendant jusqu’au niveau du bas ventre et que seul l’acte sexuel calmait temporairement .
      • Ce phénomène serait à rapprocher des rythmies d’endormissement, ces mouvements de balancement de la tête ou du corps qu’adoptent certains sujets (souvent depuis l’enfance) avant l’endormissement.
      • Les états d’éveil dissociés au cours du sommeil paradoxal peuvent donner lieu à des interprétations de nature sexuelles du fait de la congestion réflexe des organes sexuels.
        Voir les articles "Parasomnies" et "Rêves"
        Ainsi, certaines parasomnies se manifestent par un retour à la conscience au cours du sommeil. Ce phénomène est connu sous le terme de "paralysies avec hallucinations du sommeil".
      • Les somniloquies sont des parasomnies en sommeil lent apparentées au somnambulisme. Elles peuvent être équivoques avec prononciations de paroles ou de prénom parfois en rapport avec la réalité (elles peuvent prêter à confusion en cas de conjoint jaloux ...).
        Nb. Il ne faut pas les confondre avec les catathrénies (Cf. plus haut), qui sont de longues vocalisations inarticulées et intrigantes).
      • Certaines formes de parasomnies, voisines de l’épilepsie, peuvent également donner lieu à des automatismes sexuels comme la masturbation. Des cas de viols somnambuliques ont même déjà été plaidés en justice.
        Publié dans le British Medical Journal (12 Juin 2006) :
        les sexsomnies sont des variantes du somnambulisme
        Sexsomnia is thought to be a variant of sleepwalking that manifests as sexual behaviour during sleep. Most people with sexsomnia have a family history of sleepwalking. The range of behaviour includes explicit sexual vocalisations, violent masturbation, and complex sexual acts including anal, oral, and vaginal penetration.
        A defendant on three charges of rape was recently acquitted on the basis of automatism due to sexsomnia (Journal of Clinical Forensic Medicine 2006 ;13 : 219-24).


  • Implications historiques des sexsomnies
  • Oracles, visite de l’au-delà, message de l’inconscient ou affabulation ? ...

    La netteté de ces expériences très impressionnantes, a donné lieu, par le passé, à bien des malentendus (certaines visions "divines" qui ont marqué l’histoire pourraient très bien être également de cette nature ...).

    • Interprétation "judéo-chrétienne" ; sentiment de culpabilité et identification du "Péché" comme traduisant une manifestation du Mal ou de désir honteux et/ou interdit.

      "Rien n’était plus fréquent que des révélations de ce genre, dans le tribunal de la confession, et le confesseur tirait de la bouche même de ces pénitentes la conviction du fait qu’il combattait, trop souvent inutilement, par des prières et des exorcismes.[...]
      Ce n’était pas seulement la confession religieuse qui avait dévoilé les mystères de l’incubisme et du succubisme ; c’étaient surtout les aveux forcés ou volontaires, que l’Inquisition arrachait aux accusés, dans les innombrables procès de sorcellerie, qui hérissèrent de potences et de bûchers tous les pays de l’Europe. "

      (Sources citées sur : Curiosités de l’histoire des croyances populaires au moyen-âge P.L.Jacob, 1859).
       [2]

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      «  Tu ne laisseras pas vivre la sorcière  » (Exode, XXII, 18)
    • Interprétation psychanalytique des érections au cours du sommeil, comme la manifestation, au niveau de l’inconscient, d’un conflit psychologique d’ordre pulsionnel autour du désir ...
      L’interprétation "sexuelle" des érections (parfois même avec "émission") en sommeil paradoxal a donné lieu à des hypothèses ad hoc élaborées à partir du mythe d’Œdipe et des tabous du début du 20° siècle.
      À la grande époque de la psychanalyse, les notions "d’inconscient" semblaient susceptibles d’expliquer certains phénomènes considérés jusque là comme des "diableries".
      Les érections en SP ne pouvaient que provenir de l’inconscient et des refoulements des fantasmes érotiques.
      Même si l’on ne connaît toujours pas le sens exact de ce phénomène, il est actuellement certain que l’érection des petits garçons durant la nuit ne traduit aucune "pensée" consciente ni inconsciente.
    • Témoignages d’agressions sexuelles vécues en rêve au cours d’une paralysie avec hallucination . Les Incubes du monde moderne ...
      Certaines hallucinations du sommeil peuvent être à l’origine de malentendus judiciaires graves, notamment lorsqu’ils intéressent les enfants chez qui elles sont probablement fréquentes.
      Certains témoignages d’enfant, mal interprétés, peuvent entraîner une plainte qui, après enquête, sera mis sur le compte d’affabulations fantasmagoriques dues à une imagination débridée.
      Selon nous, Un certain nombre de ces prétendues "affabulations" trouveraient une bien meilleure explication si l’on connaissait mieux ce phénomène.
      On comprend par ailleurs que ces expériences peuvent avoir de lourdes conséquences psychologiques.

    L’interprétation de ces phénomènes longtemps qualifiés de "honteux" depuis le Moyen-Âge a donné lieu à un grand nombre de croyances et de comportements irrationnels.

    "Quant il semble que aucune chose viengne a son lit, qu’il semble qu’il monte sur lui, et le tient si fort que on ne peut parler ne mouvoir, et ce appelle le commun cauquemare, mais les médecins l’appellent incubes" ("Dits et faits mémorables de Valère Maxime, traduit par Simon de Hesdin [3] 1375)

    Incubes et Succubes

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    Détail d’un Incube. (Noter la position en paralysie flasque de sa "victime")

    L’incube est un démon qui vient forniquer avec les femmes durant leur sommeil. [4]]
    L’Incubus, créature masculine, était connu bien avant le Moyen-Âge (vient de Incubare qui signifie recouvrir).
    Le pendant féminin de l’Incube est le Succube ....
    Un Succube (de Succuba, la concubine adultérine de Cicéron) est un démon qui prend la forme d’une femme pour séduire un homme durant son sommeil et ses rêves.
    Ils servent Lilith (le double féminin du Diable) et ont pour mode d’action la séduction des hommes.
    Les légendes racontent que le succube aurait pris l’apparence d’une femme défunte et, faisant croire à la résurrection de celle-ci, se serait accouplée avec son bien-aimé.

    Selon une enquête effectuée sur 300 personnes, 50% des personnes endeuillées reconnaîtrait avoir , au cours du sommeil, vu, entendu et même touché la personne décédée.

    Dans un autre registre affectif, certaines études récentes établissent un lien entre les hallucinations du sommeil et des traumatismes psychoaffectifs de l’enfance comme l’inceste. (Cf. Liens externes en bas de page)
    Certains enfants rapportent ainsi avoir, par intermittence, des visites nocturnes de leur agresseur.


    L’Incube et le Succube sont de nature ambivalente, puisqu’ils sont à la fois redoutés et désirés et que leurs proies sont à la fois victimes et consentantes.
    Pour cette raison, on les retrouve à la fois à la source des songes et des cauchemars, notamment pendant le Moyen-Âge. « Ce qui fait l’horreur c’est le désir, et le désir devient monstre. »

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    Auberge Interlope ?

    Noter, ici aussi, sur toutes ces peintures, la posture de la victime qui est abandonnée "en Poupée de chiffon". Cette position est liée à l’atonie musculaire spécifique qui survient en sommeil paradoxal. Les peintres montrent bien que les victimes de ces monstres sont en train de dormir en phase de SP et sont incapables de se défendre.


    Les historiens évoquent des relations de type succubique dans les récits de "bonnes fées" alors que leur présence sur les encorbellements de certains hôtels auraient servi à désigner une maison de passe.

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    Mythomanie ?
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    Incube ou Succube ?


    Les "vrais" Incubes ne laissent pas de traces de coups et certaines "observations médicales" doivent résulter de l’association de phénomènes hallucinatoires réellement vécus et d’un terrain psychologique pathologique de type pathomimie (comme le syndrome de Münchhausen).
    Les aventures extraordinaires de Peter Pan et de la Fée Clochette ont peut être été inspirées par des hallucinations du sommeil.

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    Vocabulaire Créole : Le Dorlis est un incube


    Aux Antilles, les vieilles femmes (prudentes) pensent, le soir venu, à se protéger des "Dorlis", ces Esprits à l’esprit si mal tourné qui leur font, selon la tradition, parfois même de véritables enfants bien en chair et en os !. (Cela devait être une explication bien utile avant l’invention de la contraception...).


  • Conséquences médicolégales

  • La récente (et salutaire) sensibilisation des travailleurs médicaux-sociaux et des éducateurs sur le problème de l’inceste pourrait occasionner des mesures de garde à vue véritablement "kafkaïennes" sur la base de témoignages d’enfants impressionnés par ces phénomènes extrêmement troublants.

    Une information plus large des intervenants médicaux et sociaux pourrait contribuer à lever bien des interrogations qui taraudent sans doute les victimes de ces parasomnies, présumées "honteuses".
    Ces malentendus risquent de déclencher des mesures judiciaires très traumatisantes (signalements abusifs) alors qu’il est facile, par des questions pertinentes, de vérifier la réalité du témoignage.
    Selon nous, le problème est d’importance (même s’il est exceptionnel).
    On imagine que ce type de situation occasionne de véritables drames familiaux, alors qu’une meilleure connaissance des phénomènes d’hallucinations au cours du sommeil permettrait facilement d’éviter tout malentendu traumatisant.

    En pratique : Savoir questionner objectivement la victime présumée...


    Les paralysies avec hallucinations du sommeil sont probablement plus fréquentes qu’il n’y paraît (5 à 20% des sujets) [5]car les personnes qui les vivent n’en parlent que rarement.
    - Au mieux, avec le temps, elles s’accordent à penser que c’était un "rêve bizarre" qu’il faut essayer d’oublier.
    - Au pire, une croyance irrationnelle (superstition) prend corps.
    On retrouve parfois ces paralysies (même peu fréquentes), à l’origine de certaines insomnies par véritable peur de dormir.


    Nb. Ces parasomnies présentent pourtant trois caractéristiques "pathognomoniques" (toujours présentes) qu’il faut savoir rechercher systématiquement :la paralysie, la peur et la présence hostile
    .
    (Témoignage lu sur un blog (le 15 avril 2007 à 16:49, Tiphaine, 17ans) : "Depuis très jeune (environ 8-9ans) j’ai des paralysies du sommeil... la première était très impressionnante : je me voyais me rapprocher rapidement du plafond et des chiens aboyaient fortement à mes oreilles...").

    • Le sujet est véritablement tétanisé.
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      Dessin "neurobranché.com"


      Si on l’interroge, il se déclarera spontanément incapable de se mouvoir.
      -"Et alors, qu’est-ce que tu as fait ? Pourquoi tu n’es pas parti, pourquoi n’as-tu pas crié ?"
      Le sujet se sent paralysé (excepté ses yeux et sa respiration avec laquelle il arrive parfois à produire quelques sons étouffés).
      "A mes 16 ans, j’étais en internat et j’ai senti ma gorge gonfler !! Je grognais comme...comme une bête énorme. C’était effrayant !!! Je me croyais possédée vraiment !"
      Cette paralysie est parfois décrite comme une "pesanteur" ou des "liens" ou un "pouvoir magique occulte".
      "Il déployait une telle énergie que je sentais mon corps s’enfoncer dans le matelas et les lattes du sommier."

    • Le sujet se sent menacé par une force hostile.
      La peur est de loin le sentiment le plus souvent rapporté.
      Les paralysies du sommeil sont des expériences extrêmement angoissantes.
      " ...Comment y remédier ! J’ai peur de dormir !!"
      "... Vers mes 13 ans, je me voyais paralysée sur mon lit et j’entendais des personnes qui faisaient l’amour, c’était abominable !"
      On peut comprendre à quel point l’enfant qui en est victime doit éprouver véritablement le besoin d’en parler.
      On peut imaginer combien ces témoignages peuvent susciter d’interrogations de la part d’un entourage qui ignore totalement l’existence de ces phénomènes.
    • Le sujet est en présence de quelqu’un ou de quelque chose..
      Cette sensation d’être observé, de ne pas être seul, est très typique même quand il ne voit personne.
      La tonalité inamicale de cette présence a dû être à l’origine de bien des histoires de fantômes ou autres revenants.
      "... Je regardais en biais sur la gauche et je voyais une ombre accoudée à mon lit ; c’était atroce".

  • En conclusion ...
  • Les sexsomnies qui posent parfois de délicats problèmes juridiques, bénéficient d’une meilleure reconnaissance médicale que par le passé (voir l’article du British Medical Journal ci-dessous).

    Pour autant, à notre connaissance, les magistrats (même spécialistes de l’enfant) ne semblent malheureusement pas bénéficier de formations spécifiques à ce sujet. Nous espérons contribuer ici à faire évoluer ce constat...

Voir les articles connexes sur le site.
- "Interprétation des rêves", ce qu’il faut en savoir sur le plan somnologique.
- "Paralysie et hallucination du sommeil", une expérience terrorisante trop mal connue.
- "Les Parasomnies", cauchemars, terreurs nocturnes et pipi au lit...
- "TCSP : Troubles du comportement en sommeil paradoxal".


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Quelques liens externes pour en savoir plus...

[1(Vetrugno R, F Provini, G Plazzi, L Vignatelli, and E Lugaresi. 2001. Catathrenia (nocturnal groaning) : a new type of parasomnia. Neurology 56:681-3.)

[2" Une autre mystique, Angèle de Foligno, dont Martin del Rio a décrit les tentations diaboliques, dans ses Disquisitiones magicae, avait affaire aussi à des démons grossiers qui la battaient sans pitié, après lui avoir inspiré de mauvais désirs qu’ils ne parvenaient pas à utiliser au profit de leur damnable sensualité. Il n’y avait dans tout son corps aucune partie qui ne fût lésée par le fait des incubes, en sorte qu’elle ne pouvait ni bouger, ni se lever de son lit. " Non est in me membrum, disait-elle, quod non sit percussum, tortum et paenatum a daemonibus, et semper sum infirma, et semper stupefacta, et plena doloribus in omnibus membris meis ".
("Curiosités de l’histoire des croyances populaires au moyen-âge" P.L. Jacob, 1859)

[3Écrivain appartenant à l’ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem et docteur en théologie. Il traduisit pour le roi Charles V les sept premiers livres des Facta et Memorabilia de l’historien romain Valère Maxime.

[4Guibert de Nogent (1055-1125, un moine bénédictin historien de la première croisade) racontait , les insultes que sa mère avait eues à subir de la part des incubes, que la beauté de cette sainte femme attirait sans cesse autour d’elle. Une nuit, "le démon vint tout à coup s’offrir à ses yeux, que ne fermait pas le sommeil, et l’oppressa, presque jusqu’à la mort, d’un poids étouffant." La pauvre femme ne pouvait plus ni remuer, ni se plaindre, ni respirer ; mais elle implorait intérieurement le secours divin, qui ne lui manqua pas.[...

[5Expériences de mort imminente, paralysie et hallucinations semblent génétiquement corrélées.
Une étude du Dr Kevin R. Nelson, MD, de l’université du Kentucky s’est intéressée aux expériences de paralysie du sommeil et aux « sorties hors du corps » (en anglais Out of Body Experience ou OBE) de 55 sujets qui ont vécu une EMI.
Voir
45% des sujets ont déjà vécu une expérience hors du corps (EHC) lors d’une transition entre la veille et le sommeil contre 5% dans un groupe contrôle de sujets qui n’ont pas vécu d’EMI
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