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En matière de sexualité, mieux vaut être riche et bien portant

Maïa Mazaurette, chroniqueuse de « La Matinale », décortique un sondage sur la sexualité des Françaises qui tend à montrer des différences selon les milieux sociaux.

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Publié le 24 février 2019 à 06h30, modifié le 21 mai 2019 à 18h07

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LE SEXE SELON MAÏA

Nos pratiques sexuelles trahissent-elles notre origine sociale ? Pour François Kraus, directeur du pôle « Genre, sexualités et santé sexuelle » de l’IFOP, qui vient de publier un sondage sur la sexualité des Françaises (on y revient dans un instant), les choses sont claires : « Plus les femmes ont un capital social et culturel élevé, plus elles semblent en mesure de s’affranchir des normes de genre qui tendent à leur imposer une vision conjugale, passive et pénétrativedu plaisir féminin, et par là [plus elles sont] aptes à avoir un rapport plus actif, hédoniste et autonome à leur sexualité. »

De fait, l’idée qu’il existe des sexualités d’« en haut » ou d’« en bas » marque notre imaginaire depuis longtemps. Elle attise tous les fantasmes sur les pratiques sexuelles très privées et libertines des puissants ou l’existence d’un pseudo-lobby gay ; la pornographie s’en nourrit (la grande bourgeoise dépravée du Déclic de Manara ou des productions des studios Marc Dorcel…)

Evidemment, les choses sont plus compliquées que ça : si nous imaginons une transgression sexuelle plus importante chez les privilégiés, c’est parce que nous percevons leurs codes comme plus rigides. Mais n’oublions pas que cette fascination est partagée : pendant que les pauvres fantasment des parties fines dans les beaux quartiers, les riches fantasment une sexualité « d’en-bas » plus authentique et, disons-le, plus brutale (Catherine Millet s’encanaillant avec de parfaits inconnus, les tournantes, le stéréotype de la « racaille » dans la pornographie).

Le contraire serait d’ailleurs étonnant : notre culture érotise les rapports de pouvoir depuis toujours. Mais là où ça devient intéressant, c’est quand on sort des représentations. En l’occurrence, la dernière enquête de IFOP-Elle sur la sexualité des Françaises, publiée mi-février et réalisée en ligne auprès d’un échantillon de 1 000 femmes, révèle l’ampleur de la disparité des pratiques évoquée par François Kraus.

Extension du domaine de la jouissance

Commençons par les chiffres : les femmes des classes sociales supérieures sont celles qui se masturbent le plus (85 % des cadres et des professions intellectuelles, contre 61 % des ouvrières), qui regardent le plus de pornographie (62 % contre 34 %), qui utilisent le plus de sextoys (58 % contre 42 %), qui connaissent le mieux leurs zones érogènes (à égalité avec les professions intermédiaires), qui pratiquent le plus les caresses hors pénétration, et le plus de fellations. Elles ne considèrent pas forcément l’orgasme comme un marqueur de la relation sexuelle réussie – une extension du domaine de la jouissance qui permet de bénéficier d’une plus grande amplitude dans le répertoire.

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