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Vie de bureau

Une vie sexuelle épanouie, secret de ceux qui gagnent bien leur vie

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- - Stuart Conner - Flickr - CC

Plusieurs études montrent qu'il existe un lien positif entre l'activité sexuelle et les niveaux de rémunération. En outre, passer plus de temps au lit avec son ou sa partenaire rend plus résistant au stress et peut favoriser la productivité.

Une vie sexuelle active joue-t-elle sur le salaire? La question peut paraître incongrue. Et pourtant elle a déjà fait l'objet de trois études universitaires très sérieuses.

Dans la première en 2004, intitulée "Money Sex & Happiness", les deux économistes David Blanchflower et Andrew Oswald se basent sur des données recueillies auprès de 16.000 Américains des deux sexes. Ils ne trouvent alors pas de lien évident entre intensité de la vie sexuelle et revenu des ménages.

Sauf que leurs conclusions vont être mises à mal par une autre étude, datant cette fois de 2009. Quatre chercheurs brésiliens interviewent alors 1.597 adultes vivant à Brasilia. Un panel suffisamment large pour établir des données fiables. Et cette fois le lien est établi. Ils concluent que la fréquence de l'activité sexuelle est positivement corrélée avec la productivité et le salaire. Donc, plus on a de rapports sexuels, mieux on gagne sa vie.

La poule et l'oeuf

C'est au regard de ces deux précédents travaux que Nick Drydakis, un économiste grec basé à l'Anglie Ruskin University (Royaume-Uni) choisit d'apporter sa pierre à l'édifice. En 2013, il publie alors son sujet de recherche "The Effect of Sexual Activity on Wages", qui se base sur un échantillon de 7.500 ménages grecs (données collectées en 2008). Le chercheur arrive alors à plusieurs conclusions. Tout d'abord il observe qu'effectivement sexe et rémunération sont liés. Les salariés qui ont deux à trois rapport par semaine gagneraient ainsi environ 4,5% de plus que ceux qui ont une vie sexuelle moins active, comme le relève CBS.

Nick Drydakis remarque également que les personnes n'ayant aucun rapport sont payés en moyenne 3,2% moins que ceux qui ont au moins une relation sexuelle par mois. L'économiste souligne qu'il n'y a pas de différence notable entre hétéros et homos. Ses résultats laissent enfin apparaître que l'effet de l'activité sexuelle est plus intense chez les personnes âgées de 26 à 50 ans.

Mais quid de la poule et de l'œuf? Est-ce que l'argent favorise les opportunités de rapports sexuels ou est-ce l'inverse? Drydakis reconnaît ne pas pouvoir trancher avec certitude. Il suggère néanmoins que "des salaires plus élevés peuvent encourager les individus à avoir une vie sexuelle plus active" et qu'une rémunération plus forte "accroît la possibilité d'offrir des cadeaux favorisant l'obtention d'un rapport sexuel". Une approche un brin consumériste.

Cercles vertueux et vicieux

Bruno Martin, sexologue à Bourges et à Nevers explique qu'il existe en fait "un cercle vertueux". "L'un et l'autre sont dépendants: avoir une sexualité active et épanouie joue sur la santé psychologique mais aussi physiologique. Or plus on se sent en bonne santé plus on va être performant et efficace au travail. Et plus on est à l'aise au bureau, plus on est en bonne conditions pour bien faire l'amour", détaille-t-il. Un cercle vertueux qui peut aussi être un cercle vicieux. Et l'effet est, selon lui, plus fort chez les hommes car la sexualité fait partie "de la constitution de leur identité; en plus du programme alpha: construire, nourrir, protéger".

À ce titre la sexualité joue énormément sur l'estime de soi chez l'homme. "S'il a un malaise avec sa sexualité, elle (son estime de soi, ndlr) sera touchée et il se sentira morose au travail. Ou au contraire il va surinvestir le travail pour essayer de trouver une autre forme de reconnaissance", ajoute Bruno Martin.

Pas d'heure supplémentaire

Son collègue Philippe Arlin, sexologue à Paris et Poitiers, évoque lui des effets prosaïques. "D'un point de vue de la santé, la sexualité a un impact déstressant. Quelqu'un qui a une vie sexuelle épanouie va naturellement avoir un niveau de stress plus faible et une résistance plus forte au stress au travail", indique-t-il. Mais, comme Bruno Martin, Philippe Arlin considère que "le fait d'avoir a priori une sexualité épanouie met de bonne humeur et rend ainsi quelqu'un plus disponible au travail".

En revanche il ne faut pas s'attendre à ce que la personne fasse de longues heures supplémentaires. "Je pense que la productivité du salarié augmente durant les heures normales du travail et il va se satisfaire de cette situation du moment que le temps de travail n'empiète pas sur sa vie privée. Autrement la personne risque de se révolter et de rentrer plus tôt", estime-t-il.