Un an et demi après #MeToo, qu'en est-il de la culture du viol en France ? Les mentalités ont-elles évolué suite à une certaine libération de la parole sur les violences sexuelles depuis 2017 ? C'est la question sur laquelle l’association Mémoire traumatique et victimologie s'est penchée, en collaboration avec l’institut Ipsos.

Pour ce faire, l'association a posé des questions similaires à celles posées lors d'une précédente enquête il y a trois ans, en ajoutant cette fois-ci quelques questions sur l'impact du mouvement #MeToo et #BalanceTonPorc. Cette nouvelle enquête, dont les résultats ont été dévoilés ce jeudi 20 mai, nous montre que si les stéréotypes sexistes "régressent un peu", le "déni et la culture du viol ont la vie dure".

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Une culture du viol toujours aussi présente en France

Sur son site, l'association explique : "Si les Français.e.s estiment très majoritairement - 81% - que #MeToo a un effet positif, ils adhèrent encore plus qu’en 2016 à certains stéréotypes sexistes et aux fausses représentations sur le viol, particulièrement celles qui mettent en cause la victime". 

On apprend ainsi que pour 42% des Français, la responsabilité du violeur est moindre si la victime a eu envers lui une "attitude provocante". Plus de 4 Français sur 10 considèrent ainsi "qu’une attitude "provocante" en public, une tenue sexy, le fait d'avoir déjà flirté ou aller seule chez un inconnu atténue la responsabilité de l'agresseur". Un chiffre en hausse puisqu'ils étaient 40% en 2016 à voir les choses sous cet oeil. 

Autres chiffres particulièrement révélateurs de la puissance de la culture du viol encore aujourd'hui en France : 37% des Français (contre 32% en 2016) estiment que les victimes accusent souvent à tort leur agresseur, 27% (contre 25% en 2016) qu’elles ne se seraient pas faites violer si elles avaient fait plus attention, 30% (contre 27% en 2016) que ce n’est pas un viol si la victime ne se défend pas et 43% estiment (contre 41% en 2016) que si la victime se défend réellement, elle peut faire fuir l'agresseur.

Des stéréotypes de plus en plus présents dans l'esprit des Français, qui rejettent la faute sur la victime. Et ce, "malgré une bonne connaissance des difficultés pour les victimes à porter plainte et des mécanismes psychotraumatiques tels que la sidération, la dissociation, l’emprise et l’amnésie traumatique" poursuit l'association.

Les stéréotypes sexistes en légère baisse

Si ces derniers résultats font froid dans le dos, on peut en revanche souligner une légère baisse des clichés sexistes concernant la sexualité féminine.

Les Français sont désormais moins nombreux à penser que les femmes "ont besoin d’être amoureuses pour envisager un rapport sexuel" (64 % aujourd'hui contre 74 % en 2016), que "pour un homme, il est plus difficile de maîtriser ses désirs sexuels(57 % aujourd'hui contre 63 % en 2016), "qu’une femme peut prendre du plaisir à être forcée" (18 % aujourd'hui contre 21 % en 2016), que "quand elles disent non pour une relation sexuelle, pensent oui" (17 % aujourd'hui contre 19 % en 2016).

Une - légère - évolution des mentalités, rappelant l'importance de continuer à briser, un à un, les clichés sexistes qui perdurent autour de la sexualité féminine et des violences sexuelles.