MICI et troubles sexuels : une association à rechercher en pratique

  • Shmidt E & al.
  • Inflamm Bowel Dis
  • 6 févr. 2019

  • Par Nathalie Barrès
  • Résumé d’articles
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À retenir 

À partir d’un questionnaire validé, une étude met en évidence que 97% des femmes ayant reçu un diagnostic récent de maladie inflammatoire chronique des intestins (MICI) souffriraient de troubles sexuels. Ceux-ci persisteraient dans le temps. Ces résultats invitent à préconiser une prise en charge pluridisciplinaire afin d’améliorer la qualité de vie de ces femmes.

Pourquoi cette étude est-elle intéressante ?

Les données de la littérature concernant la sexualité des femmes ayant une maladie inflammatoire des intestins sont assez contradictoires. Les résultats de cette étude apportent des données sur un suivi longitudinal mis en parallèle de l’évolution de l’activité de la maladie inflammatoire elle-même.

Méthodologie

Des femmes âgées de 18 ans et plus, ayant reçu un diagnostic de MICI dans l’année écoulée, enrôlées dans l’étude OSCCAR (Ocean State Crohn’s & Colitis Registry) ayant un suivi prospectif de deux ans ont été incluses dans cette étude. La fonction sexuelle a été évaluée grâce à l’index de fonction sexuelle féminine (FSFI).

Principaux résultats

À l’inclusion 116 femmes ont complété le FSFI (60 avec maladie de Crohn (MC) et 56 avec rectocolite hémorragique (RCH)). 

  • Le score moyen global FSFI était de 16,4 chez les femmes du groupe MC et de 17,4 chez les femmes du groupe RCH, p=0,22.
  • 97% des femmes ayant répondu avaient un trouble de la fonction sexuelle défini par un score FSFI inférieur à 26,55.
  • La prévalence des troubles sexuels à l’inclusion était similaire quelle que soit la MICI considérée (97% en cas de MC et 96,4% en cas de RCH) et restait inchangée durant les deux ans de l’étude.
  • Des analyses complémentaires ont montré que les femmes plus jeunes avaient une fonction sexuelle significativement meilleure que les femmes plus âgées. Toute décade d’âge supplémentaire était associée à une diminution du score FSFI de 1,5 points.
  • L’activité de la MICI s’est améliorée au cours de l’étude à la fois pour la population des femmes souffrant MC et de RCH. Sur l’ensemble de la cohorte, la prise de traitements biologiques était un facteur indépendant associé à de faibles scores FSFI. Ces résultats ont été retrouvés chez les femmes souffrant de MC mais pas chez celles souffrant de RCH. Aucune association significative n’a été mise en évidence entre la prise de corticoïdes oraux ou IV ou de budésonide et la fonction sexuelle (ni au global, ni par sous-type de MICI).
  • Les femmes ayant une MC et rapportant des incontinences fécales durant les 4 dernières semaines avaient un score FSFI plus faible que les autres (p=0,049). Cette association n’a pas été retrouvée pour les femmes souffrant spécifiquement de RCH. La diarrhée ou les douleurs abdominales au cours des 4 dernières semaines n’ont pas été associées à des modifications de la fonction sexuelle.

Principales limitations

Les résultats de cette cohorte n’ont pas été comparés à ceux d’un groupe contrôle.