ECE : Perturbateurs endocriniens: des effets transgénérationnels sur la fertilité et le développement sexuel

  • Dr Dominique-Jean Bouilliez

  • JIM Actualités des congrès
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Depuis une quinzaine d'années et toujours actuellement, la communauté scientifique attribue aux perturbateurs endocriniens la survenue précoce ou avancée de la puberté. Mais ce n'est pas le seul grief que l'on peut leur opposer. Tant chez le rat que chez l'être humain, la vie fœtale et la période périnatale sont en effet des moments-clé où l'organisme met en place les mécanismes d'adaptation à l'environnement. Si ces mécanismes sont perturbés au sein de l'organisme en développement, l'impact peut se faire ressentir toute la vie...

L'exposition à la pollution environnementale peut provoquer des altérations du développement cérébral qui affectent le développement sexuel et la fertilité sur plusieurs générations, conclut une étude présentée par le laboratoire de Anne-Simone Parent (université de Liège). Pour arriver à cette conclusion, les chercheurs liégeois ont analysé sur plusieurs critères (ouverture du vagin, sécrétion de GnRH, cyclicité des estrogènes et folliculogenèse) la descendance de rates exposées durant leur grossesse et pendant la lactation à une mixture de 14 perturbateurs endocriniens anti-androgéniques et anti-oestrogéniques classiques (produits plastifiants, fongicides/pesticides, filtres UV, butylparabène), à des doses équivalentes à celles auxquelles la population est habituellement en contact. Ils ont constaté des anomalies du développement sexuel et du comportement maternel sur plusieurs générations. De plus, les rates de la seconde et troisième génération présentaient un retard pubertaire et des altérations du cycle de reproduction avec anomalies des follicules ovariens témoins d'une perte de fertilité.

Ces modifications étaient associées à une altération de l'expression des gènes concernés au niveau du thalamus (les gènes de signalisation oestrogénique, de la sécrétion de GnRH, du comportement maternel, de la réponse au stress) et à une surexpression des gènes impliqués dans l'activité corticostéroïde et du métabolisme. Ces données sont d'autant plus préoccupantes qu'ici les rates de 2ème et 3ème génération n'étaient pas exposées à ces perturbateurs endocriniens alors que cette exposition est continue à travers les générations dans la vie de tous les jours.