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L'hypersexualité féminine sous-estimée

Les hypersexuels délaissent les activités habituelles au profit de leur vie sexuelle. 65349462/Photographee.eu - Fotolia

Environ 3% des femmes auraient une sexualité envahissante selon une étude d'universitaire allemands à paraître dans le Journal of sexual Medicine. L'hypersexualité s'accompagne de souffrances dans la vie quotidienne.

Quand faut-il parler d'hypersexualité? Autrement dit, à partir de quelle quantité d'activité sexuelle faut-il considérer que l'on dépasse les limites de la normalité? Bien sûr, on pourrait considérer que la norme n'existant pas vraiment en matière de sexe, c'est une question très personnelle qui ne relève pas de la médecine sexologique. On pourrait aussi estimer que le sexe n'étant pas une drogue au sens littéral du terme, les excès éventuels ne risquent pas de porter préjudice à la santé. Pourtant, les préoccupations et «besoins» sexuels deviennent parfois tellement envahissants que, dans une étude nord-américaine ayant porté sur environ 6500 hommes et 8000 femmes (2/3 d'américains et 1/3 de canadiens) en 2006/2007, le Pr Jason Winters et ses collègues de l'Université de Colombie Britannique de Vancouver, ont découvert que 1,6% des hommes et 0,8% des femmes déclaraient avoir déjà recherché un traitement pour leur «compulsion sexuelle».

«Ma vie sexuelle dirige ma vie!»

Le Pr Rory Reid, à l'origine d'une échelle diagnostic ( Hypersexual Behavior Inventory , HBI) à l'université de Californie, estime que l'hypersexualité ne se définit pas seulement par un manque de contrôle du type: «je m'engage dans des activités sexuelles que je sais devoir regretter ensuite» ou: «mes tentatives de corriger mon comportement sexuel échouent». S'y ajoutent en effet deux autres dimensions. D'abord, la propension à se servir de la sexualité lorsque l'on est stressé ou que l'on se sent mal («je me tourne vers le sexe quand j'éprouve des sentiments déplaisants: frustration, tristesse, colère»). Ensuite, la fait de persister dans ce comportement sexuel en dépit des conséquences négatives et des interférences importants dans la vie quotidiennne. On sacrifie alors des choses importantes de sa vie (conjoint, enfants, amis, travail, etc.) pour passer du temps à penser, planifier, et se livrer à la sexualité. Les hypersexuels le disent: «ma vie sexuelle dirige ma vie».

L'étude porte sur 49 universités allemandes

Curieusement, l'hypersexualité féminine a été assez peu étudiée. C'est d'ailleurs, ce manque de travaux scientifiques qui est avançé par les experts réunis pour la 5ème édition du manuel de référence international de psychiatrie, le DSM-V, pour écarter ce diagnostic de l'ensemble des maladies indexées. Insuffisance que corrige un peu désormais l'étude du Pr Verena Klein et ses collègues des universités allemandes de Hamburg et de Mainz, le Pr Martin Rettenberger et le Dr Peer Briken. Les trois chercheurs ont proposé aux étudiantes volontaires de 49 universités allemandes de répondre en ligne au questionnaire HBI ainsi qu'à des questions portant sur leur comportement sexuel.

3% des femmes seraient hypersexuelles

Les résultats, à paraître dans le Journal of sexual medicine , montrent que l'hypersexualité féminine est moins anecdotique qu'on ne le pensait. Plus de 3% des 998 femmes ayant répondu à l'enquête avaient en effet un score HBI dépassant le seuil correspondant à l'hypersexualité définie par Reid. Outre la souffrance que cela peut engendrer dans la vie des femmes hypersexuelles, les auteurs notent aussi qu'elles sont plus enclines à adopter un comportement sexuel à risque. La cause du trouble reste encore discutée mais l'hypothèse souvent avançée d'une volonté d'avoir, grâce au sexe, de l'attention et du contrôle sur autrui est ébranlée car cette nouvelle étude met en évidence une plus grande fréquence de la masturbation chez les femmes hypersexuelles, ce qui conforte plutôt l'hypothèse d'une excitation élevée. Hypothèse soulevée en 2007 par des chercheurs de l'Institut Kinsey ayant analysé le cas de 107 hommes et 69 femmes hypersexuels. Selon eux, la rupture de l'équilibre entre l'excitation et l'inhibition sexuelle provenait, dans l'hypersexualité, non pas d'une baisse de l'inhibition mais d'une hausse importante de l'excitation.

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