Asexualité : une réalité toujours incomprise
Ne relevant d’aucune maladie psychiatrique, l’asexualité touche plus de 1 % de la population qui affirme leur présence et réclame la compréhension de la société.
Une préférence sexuelle parmi d’autres
C’est à la fin des années 70 que l’asexualité a été mise en évidence. En 1977, Myra Johnson, thérapeute à l’hôpital de Houston (Texas), écrivait l’un des premiers articles universitaires sur le sujet : « Femmes asexuées et autoérotiques : deux groupes invisibles ». Elle y évoquait d’une part les femmes qui n’éprouvaient aucun désir sexuel et, d’autre part, celles qui refusaient le rapport mais pratiquaient la masturbation. L’auteure se concentrait principalement sur la façon dont la culture occidentale voyait ces femmes asexuées et comment elles étaient indirectement opprimées.
Des décennies plus tard, les mentalités ont évolué. Il n’est plus question d’oppression, peut-être seulement d’incompréhension.
Déjà, il faut commencer par corriger l’erreur de Myra Johnson qui décrit ces femmes, qui pourtant pratiquent la masturbation, comme asexuées, alors que non : asexué signifie ne pas avoir de sexe… Or les personnes asexuelles ont bel et bien un sexe, et l’utilisent. Elles ne sont juste pas attirées sexuellement par les autres.
Asexualité : explication !
Une personne peut être attirée sexuellement par une autre de sexe différent. On parle d’hétérosexualité. L’attirance entre deux individus du même genre est qualifiée d’homosexualité.
Certaines personnes ressentent une envie sexuelle, mais ne ressentent pas d’attirance sexuelle envers les autres : ce sont les personnes asexuelles.
L’asexualité n’est pas une maladie. Pourtant, il est difficile pour les asexuels de trouver une place dans une communauté où le sexe prime.
Et les raisons de cette tendance sexuelle ?
Les raisons qui poussent une personne à s’adonner à cette orientation sexuelle restent floues à ce jour. Les experts estiment qu’elle varie d’un individu à un autre. Certaines études suspectent la mise en jeu des facteurs génétique dans le mécanisme. Pour d’autres, un phénomène survenant au cours de la vie intra-utérine pourrait être la source de cette orientation.
Asexualité et abstinence : quelle différence ?
Grand nombre de gens confondent abstinence et asexualité, pourtant ce sont deux concepts différents. L’abstinence est un choix volontaire qui repose sur des raisons personnelles ou parfois religieuses comme le cas des prêtres. Ces personnes ressentent le désir d’avoir des relations sexuelles, mais n’y succombent pas pour ne pas aller à l’encontre de leurs convictions.
D’ailleurs, ils optent pour une mode de vie particulière dans le but de fuir les tentations. À l’inverse, un asexuel peut avoir des envies de sexe, mais il ne ressentira pas d’attirance sexuelle envers les autres. Cependant, il faut préciser qu’un asexuel a des sentiments. Il peut tomber amoureux, ressentir une attirance psychique ou avoir besoin d’affections. Aussi, cette orientation ne prive pas les désirs autoérotiques à l’exemple de la masturbation.
L’asexualité est accusée à tort de maladie par la société, qui a en effet du mal à comprendre que deux individus puissent avoir une relation amoureuse sans sexe. Et c’est là que se trouve le problème de certains/es asexuel/les : trouver un conjoint qui consent à ne pas avoir de rapport sexuel. Toutefois, il existe des couples asexuels épanouis.
Une communauté qui sort de l’ombre
Ce vécu de la sexualité intrigue dans une société qui voit le sexe comme le « ciment du couple ». Mais l’asexualité est acceptée aujourd’hui, portée sans nul doute par l’activisme des associations et communautés qui militent pour la non-discrimination des différences sexuelles.
Depuis les années 2000, les asexuels ont en effet leurs communautés, forums de discussions et réseaux, comme le réseau « AVEN », « Asexual Visibility and Education Network », initié en 2001 par l’Américain David Jay, ou la Communauté Asexuelle de Montréal fondée par Isabelle Stephen.
Ils ont leur symbole d’appartenance : un anneau noir porté sur le majeur de la main droite. Ils ont leur slogan, « L’asexualité : ce n’est plus seulement pour les amibes », qui s’imprime sur des tee-shirts. Ils ont un drapeau, choisi en août 2010 grâce à un système de vote en ligne : ses couleurs sont noir, gris, blanc et violet. Les asexuels sont intégrés dans des séries télé, sont les héros de romans, au centre de spectacles et de comédies.
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Bonjour! :) Içi Isabelle de la Communauté Asexuelle de Montréal! Merci beaucoup pour la parution de cet article! C’est vraiment très apprécié.
Je vous indique quelques petites erreurs dans le texte.
– »Une femme ou un homme qui ne ressente aucune envie sexuelle est appelé asexuel. » Il s’agit d’attirance sexuelle et non d’envie. Certaines personnes asexuelles ressentent un envie sexuel, mais ne ressentent pas d’attirance sexuelle envers les autres.
– » la plupart du temps, on décèle un antécédent d’enfance traumatisante, de manque d’affection ou d’une éducation rigide chez les asexuels » Ca ne semble pas être le cas chez la majorité des gens asexuels.
– »une personne qui s’adonne au sexe et y trouve l’orgasme va éprouver le désir de continuer cette expérience. »
Pas nécessairement. Il y a des gens asexuels qui ont des rapports sexuels avec leur partenaire tout en étant asexuel, ils ont des orgasmes (la mécanique fonctionne), mais ils n’ont pas envie de recommencer l’expérience car ils ne ressentent pas d’attirance sexuelle envers leur partenaire.
– »un asexuel n’a pas besoin de lutter contre ses envies de sexe. Il n’en éprouve tout simplement pas. » Comme je le disais plus haut certains asexuels vont avoir une forte envie de sexe, d’autres pas du tout. Ce n’est pas le désir sexuel qui est absent chez tout les asexuels mais l’absence d’attirance sexuelle envers les autres.
– » trouver un conjoint qui consent à ne pas avoir de rapport sexuel. » Il y a 3 types de gens asexuels, ceux qui voient la sexualité de façon négative, qui ne veulent jamais avoir de rapport sexuel, ceux qui voient la sexualité de façon neutre, qui peuvent avoir des rapports sexuels dans leur couple pour faire plaisir à son ou sa partenaire et ceux qui voient la sexualité de façon positive, qui peuvent trouver un certain plaisir à la sexualité tout en ne ressentant pas d’attirance sexuelle envers les autres. Ce n’est pas tout les asexuels qui refusent catégoriquement d’avoir des rapports sexuels, mais ce sont tout les asexuels qui ne ressentent pas d’attirance sexuelle envers les autres.
Merci!
Isabelle Stephen fondatrice de la Communauté Asexuelle de Montréal
Merci pour ces précisions très intéressantes.
Merci de parler de nous, c’est très apprécié.
Cependant, suite aux commentaires d’Isabelle, je suis déçu que certaines méconceptions soient encore dans l’article, car ce sont des idées qui peuvent être nocives pour notre communauté. Voici ce qui me dérange (ainsi que d’autres de mes semblables):
« Du point de vue physiologique, l’asexualité nourrit l’asexualité. En d’autres termes, une personne qui s’adonne au sexe et y trouve l’orgasme va éprouver le désir de continuer cette expérience. Par contre, si un individu ne fait ou n’éprouve aucune envie d’avoir de relations intimes avec son partenaire, son appétit sexuel va peu à peu diminuer pour disparaître complètement. Il faut avouer que l’organisme humain se préserve et s’adapte à tout genre de situation. »
C’est tout simplement faux. J’ai eu des relations sexuelles régulièrement pendant plus d’un an (environ 1x/2 jours) et ça ne m’a jamais donné plus envie de sexe. (j’ai aussi eu plusieurs partenaires différents donc ce n’est pas non plus l’enjeu). Je ne suis pas seul dans cette situation.
« Parfois, on décèle un antécédent d’enfance traumatisante, de manque d’affection ou d’une éducation rigide chez les asexuels, mais cela ne semble pas être le cas chez la majorité des gens asexuels. »
Cette phrase n’apporte rien et est plutôt « misleading » car ca suggère que c’est plus courrant chez les asexuels que les allosexeules (les « sexuels ») d’avoir ce genre de passé. C’est aussi complètement faux.
Je terminerais avec une critique constructive: il est bien de consulter plusieurs personnes concernées (dans ce cas ci asexuelles) pour réviser les articles qu’on écrit à leur sujet. Cela évite de faire des erreurs de ce genre.
Encore merci de nous donner de la représentation, l’intention est bonne mais la consultation des gens concernés est impérative pour vraiment nous rendre service! :)
Signé: une personne active dans la communauté asexuelle de montréal depuis 3 ans
Merci pour ces précisions intéressantes.
C’est bien pour cette raison que les commentaires sur ce Blog sont ouverts et que toutes les critiques constructives sont publiées.
De plus, nous offrons la possibilité à qui le souhaite d’écrire un article invité sur notre Blog, si le coeur lui en dit, ou à nous proposer des liens pour enrichir notre Revue de Presse.
Bien cordialement
Je m’y pencherai merci
Excusez moi, est-ce que ceci est nouveau?
»Les raisons qui poussent une personne à s’adonner à cette orientation sexuelle restent floues à ce jour. »
On ne choisit pas de »s’adonner » à l’asexualité, de la même facon qu’on ne choisit pas de s’adonner a hétérosexualité, l’homosexualité ou la bisexualité. Vous précisez pourtant que l’asexualité n’est pas un choix ou une pratique mais bien une orientation.
Par ailleurs je me demande pourquoi on cherche ici à parler de ce qui pourrait »causer » l’asexualité. Cherche-t-on ce qui »cause » l’hétérosexualité?
Cordialement,
Coco
Très chère Isabelle, on n’a pas encore eu l’occasion de se rencontrer, mais, saches que je te porte respect et reconnaissance pour la générosité et la sollicitude que tu mets à partager ton expérience sur l’asexualité (et bien d’autres-z-affaires)…
Je profite de l’occasion pour te saluer.
Bonjour, et merci pour contribuer à la visibilité de l’asexualité! C’est très apprécié ! Si vous me permettez, il y a un passage qui me titille.
» Du point de vue physiologique, l’asexualité nourrit l’asexualité. »
Peut-être que c’est moi qui ne comprends pas bien, mais cette affirmation n’a aucun sens. Si on s’entend que l’asexualité est une orientation, une orientation ne peut pas engendrer une orientation. Si vous avez utilisé le terme asexualité pour parler de l’absence de pratique sexuelle, c’est une mauvaise utilisation aussi, l’asexualité est une orientation, pas une pratique.
Si vous vouliez dire que la non pratique sexuelle peut engendrer l’asexualité, ceci serait l’équivalent de d’affirmer que faire l’amour à des personnes de même sexe engendre l’homosexualité. Et faire l’amour à des personnes de sexe différents, l’hétérosexualité. Ceci impliquerait qu’on peut changer son asexualité au même titre qu’on peut changer son homosexualité… or je pense qu’on s’entend qu’on ne change pas une orientation sexuelle en changeant nos partenaires.
Si vous vouliez dire que physiologiquement, avoir une sexualité active augmente la « drive » sexuelle ou la libido, c’est possible. Le fais de ressentir des orgasme donne le goût d’en avoir d’autre, c’est possible. Toutefois ceci n’a AUCUN lien avec l’asexualité. Le niveau de libido ou le désir d’avoir des orgasmes varie énormément d’une personne asexuelle à l’autre. D’ailleurs il y a des asexuels sexuellement actifs, il n’en demeure pas moins qu’ils ne ressentent pas ou très peu d’attirance envers leur partenaire.
Personnellement, je pense que ce passage porte fortement en confusion et dévie du sujet de l’asexualité. Je le changerais ou je l’enlèverais complètement.
Oui vous avez parfaitement raison.
Merci pour cette précision.
Bien cordialement.
Dr Arnaud ZELER
On ne peut pas généraliser en parlant des asexuels/es.
L’asexualité est une sexualité.
Une sexualité qui fait partie de la diversité sexuelle.
L’asexualité se décline sur un spectre qui croise celui de l’aromantisme, et de ce fait prends plusieurs formes ce qui nous amène à parler de « Diversité asexuelle ».
C’est donc beaucoup trop complexe pour se permettre de généraliser.
En fait, le seul point qui nous rallie est l’absence plus ou moins importante d’attirance pour autrui. « Plus ou moins » c’est la nuance qui fait la différence.
Le concept de « placard » qu’on associe « surtout » aux homosexuels/es, s’applique aussi aux « aces ». Plusieurs y sont confinés/es (seuls/es ou en couple) par manque d’information et de support.
Des professionnels/es tels/les que vous permettent et permettront de briser l’isolement de ces personnes, et d’ouvrir les consciences.
Comme « ex-placardé » je vous remercie de vous intéresser à ce sujet complexe. :)
Merci pour vos encouragements et votre commentaire on ne peut plus pertinent.
Bonjour Docteur,
Tout d’abord merci de mettre en lumière une orientation méconnue du grand public, parfois des personnes concernées elles-mêmes.
Pouvez-vous sourcer les études que vous évoquez sur les « raisons » de l’asexualité ?
Je n’avais jamais entendu ces pistes, et je dois admettre que sans source je suis assez surpris que l’on évoque cela alors que d’un autre côté une étude a démontree que l’homosexualité n’était pas du à un gène, et que des biais méthodologiques étaient présents dans l’étude qui pensait avoir trouvé « le gène » de l’homosexualité dans les années 1990.