Sexualités et handicaps : des perspectives éthiques, cliniques et inclusives
La Journée mondiale des personnes handicapées est organisée tous les 3 décembre depuis 1992 par les nations unies. À cette occasion, il est essentiel de rappeler que la sexualité des personnes en situation de handicap constitue un enjeu souvent méconnu, mais fondamental pour leur bien-être et leur inclusion dans la société. |
La sexualité constitue un aspect central du bien-être et de l’identité de tout individu. Pour les personnes en situation de handicap, cet enjeu est souvent méconnu, mal compris ou minimisé, alors même qu’il recèle des implications complexes, allant de l’épanouissement personnel à la prévention des violences sexuelles.
Cet article vise à éclairer les professionnels de santé sur les défis, les besoins et les approches possibles pour accompagner ces patients et leurs proches.
Lever les tabous : comprendre pour mieux agir
Le principal frein à l’expression et à la reconnaissance de la sexualité des personnes handicapées réside dans les nombreux stéréotypes et préjugés véhiculés par la société. Selon un sondage IFOP1, 61 % des Français pensent que les personnes en situation de handicap n’ont pas de vie sexuelle, et 87 % estiment qu’il faut du courage pour vivre en couple avec une personne handicapée. Ces chiffres traduisent une vision profondément réductrice de la sexualité et des relations affectives de ces individus.
Pour dépasser ces idées reçues, il est essentiel de s’informer sur les différents types de handicaps (physiques, sensoriels, mentaux, psychiques) et leurs conséquences sur la vie intime. Chaque handicap a ses spécificités, et les difficultés peuvent être physiques, comme une paralysie limitant certaines positions, ou psychologiques, comme une faible estime de soi exacerbée par des stigmatisations sociales.
Accompagner ces personnes nécessite de comprendre que leur sexualité n’est pas uniquement une question de fonction corporelle. C’est également une question d’émotions, de communication, de séduction, et d’affirmation de soi. Le handicap, dans ce contexte, n’est qu’une facette supplémentaire de leur individualité.
L’impact multidimensionnel du handicap sur la sexualité
La sexualité des personnes en situation de handicap peut être affectée à plusieurs niveaux. Les atteintes primaires, comme des lésions génitales directes ou des troubles de la fertilité, sont parfois évidentes. Cependant, les atteintes secondaires, telles que la douleur chronique, la fatigue ou les effets secondaires des traitements, peuvent également impacter la vie sexuelle. À cela s’ajoutent des atteintes tertiaires, souvent plus insidieuses, liées à l’image de soi, aux relations de couple ou aux normes sociales qui marginalisent les corps différents.
Ces défis nécessitent une approche holistique. Par exemple, une personne paraplégique peut conserver des capacités sensorielles intactes dans certaines zones érogènes, mais elle peut avoir besoin d’aide pour réapprendre à explorer son corps et ses sensations. De même, une personne malvoyante peut avoir une vie affective et sexuelle pleinement épanouie si elle bénéficie de supports éducatifs adaptés pour comprendre son corps et ses besoins.
Sexualité et institutions : des défis spécifiques
Dans les institutions accueillant des personnes handicapées ou âgées dépendantes, comme les ITEP ou les EHPAD, la sexualité est souvent un sujet tabou. Les résidents, considérés comme vulnérables, sont fréquemment privés de leur intimité sous prétexte de protection. Pourtant, ces lieux devraient être des espaces où les résidents peuvent exprimer librement leurs désirs et leurs besoins affectifs.
Les professionnels travaillant en institution doivent être formés à reconnaître et respecter ces droits. Par exemple, un résident adulte handicapé mental peut développer des sentiments pour une autre personne. Il est du devoir de l’établissement de favoriser un dialogue respectueux et de fournir une éducation à la sexualité adaptée pour prévenir les abus tout en valorisant les relations consenties.
Conseils pour les professionnels de santé
Les professionnels de santé jouent un rôle clé dans l’accompagnement des personnes handicapées en matière de sexualité. Ils doivent d’abord créer un espace de confiance où le patient peut exprimer ses besoins sans crainte de jugement. Pour cela, il est essentiel d’aborder directement le sujet de la sexualité lors des consultations, en adaptant le langage et les supports d’information à la situation du patient.
Lorsque des proches, comme des aidants ou des conjoints, se montrent démunis, le professionnel doit les inclure dans les discussions pour les rassurer et leur fournir des outils concrets. Par exemple, un conjoint de personne atteinte de sclérose en plaques pourrait être guidé sur les pratiques sexuelles adaptées aux nouvelles limitations physiques de son partenaire, tout en mettant l’accent sur la communication émotionnelle dans le couple.
Enfin, dans les cas où le handicap rend la parentalité complexe ou risquée, une discussion éthique et pluridisciplinaire s’impose. Cette démarche doit toujours respecter le désir d’autonomie du patient tout en offrant un accompagnement éclairé sur les implications médicales, sociales et légales.
Réconcilier sexualité et autonomie : un droit pour tous
Reconnaître la sexualité des personnes en situation de handicap, c’est leur permettre de vivre pleinement leur humanité. Chaque individu, quel que soit son handicap, a le droit d’explorer son identité affective et sexuelle dans un cadre respectueux de sa dignité. En tant que société, nous devons lever les barrières qui les en privent et leur offrir un accès équitable aux soins, à l’éducation sexuelle et à l’intimité.
Pour les professionnels de santé, il s’agit d’un défi mais aussi d’une opportunité : celle de redéfinir les soins autour de valeurs d’inclusion et de respect, en mettant l’humain au cœur de leur pratique. En accompagnant les personnes handicapées dans leur sexualité, ils contribuent à une société plus juste et solidaire, où chacun peut s’épanouir dans toutes les dimensions de sa vie.
- Les 3 raisons qui font que le soignant DOIT aborder la question de la sexualité avec les patients
- Les freins et fausses croyances qui vous empêchent de le faire
- Les techniques et les outils pour aborder la sexualité en consultation
- triées par niveau
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Références
- « La perception des idées reçues à l’égard des personnes en situation de handicap par les Français ». s. d. IFOP. Consulté le 2 août 2022. https://www.ifop.com/publication/la-perception-des-idees-recues-a-legard-des-personnes-en-situation-de-handicap-par-les-francais/.[↩]
En qualité d’assistant et accompagnant, je tiens à remercier Mr Nuss pour l’article qui définit clairement, ce qu’est l’accompagnement. La sexualité étant un droit pour chacun (e) ! .
Mais il faudrait revoir la législation afin de déculpabiliser ces hommes et femmes en situation d’handicap et qu’ils soient enfin compris et entendu !