Comprendre l’éjaculation prématurée

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L’éjaculation prématurée, plus connue auprès du grand public sous le terme éjaculation précoce, est une dysfonction sexuelle qui touche près d’un homme sur cinq.

Pourtant le sujet reste difficile à aborder pour bon nombre d’entre eux alors qu’une prise en charge sexologique donne de bons résultats.

L’homme est naturellement programmé pour éjaculer rapidement, d’ailleurs comme tous les mammifères. Mais avec l’expérience, la maîtrise sexuelle, l’envie de prolonger le plaisir et celui de sa partenaire, il apprend en général à faire durer plus longtemps le rapport sexuel. Malheureusement, certaines personnes n’arrivent pas à contrôler leur éjaculation. Cela entraine de multiples répercussions sur leur vie personnelle et sexuelle comme des sentiments de frustration, de honte, d’impuissance vis-à-vis d’eux-même et de leur leur partenaire qui, de son côté, n’arrivera pas à atteindre l’orgasme au cours du rapport sexuel.

Définition de l’éjaculation prématurée

Depuis les années 70, il existe une dizaine de définitions de cette dysfonction sexuelle.
L’éjaculation prématurée, qu’on appelle également éjaculation précoce ou éjaculation rapide, est une difficulté sexuelle caractérisée par :

  • une éjaculation lors d’un rapport sexuel qui se produit avant que l’homme ne le souhaite
  • depuis au moins 6 mois et dans plus des 3/4 des rapports sexuels
  • qui entraine une souffrance chez l’individu et/ou son partenaire
  • et qui n’est pas due à un problème organique ou secondaire à un trouble du partenaire

On distingue plusieurs degrés :

  • si la pénétration dure moins de 15 secondes, l’éjaculation prématurée est dite sévère.
  • Si la pénétration dure entre 15 et 30 secondes, l’éjaculation prématurée est modérée.
  • Enfin si la pénétration dure entre 30 et 60 secondes, l’éjaculation prématurée est dite légère.

L’éjaculation prématurée peut être primaire ou secondaire :

  • elle est dite primaire, si elle est présente depuis le début de l’activité sexuelle.
  • elle est dite secondaire (ou acquise) si la personne éjacule trop rapidement après une période de sexualité satisfaisante, ou à la suite d’un élément déclencheur.

Le diagnostic de l’éjaculation prématurée primaire repose essentiellement sur l’interrogatoire clinique : il n’y a aucun signe physique ou examen complémentaire spécifique.

Qui souffre d’éjaculation rapide ?

L’éjaculation prématurée concerne entre 15% et 25% de la population masculine1.

Tout se joue souvent au début de la vie sexuelle.
L’éjaculation prématurée est alors beaucoup plus fréquente au début de l’activité sexuelle. Lors des premiers rapports ou des premières masturbations, l’émission de sperme vient trop vite :

  • soit à cause d’une situation contraignante (peur de se faire prendre, manque de temps, espace confiné par exemple),
  • soit à cause d’un manque de confiance qui entraîne une anxiété (peur de mal faire → angoisse de performance → « ça déborde »).

Le problème, c’est qu’à force de jouir trop vite, des automatismes vont se mettre en place. Le corps s’habitue à ce mode de fonctionnement, et la difficulté persiste même lorsque l’anxiété ou la situation de stress a disparu.

Les cause de l’éjaculation prématurée

Il est difficile d’isoler une cause unique et en général ce sont plutôt un ensemble de facteurs psychologiques, relationnels, environnementaux, hormonaux, neurobiologiques, urologiques qui entrent en jeu.

Les facteurs suivants amplifient ou accélèrent l’orgasme :

  • des rapports trop espacés,
  • l’extrême intensité du désir,
  • les sentimentsressentis pour la partenaire,
  • les manifestations d’excitation de la partenaire,
  • le stress,
  • certains médicaments ou substances (opiacés, dérivés de morphine, héroïne…),
  • et parfois des facteurs physiologiques, voire génétiques.

Ce qu’il faut retenir, c’est que :

1) A l’origine, l’Homme, comme tous les mammifères, est « programmé » pour éjaculer rapidement et dans un environnement stressant. Cela pour assurer la reproduction de l’espèce (l’Homme préhistorique avait besoin d’éjaculer rapidement avant qu’un « concurrent » ne lui prenne la place). 

-> Retarder son éjaculation, c’est un apprentissage, et cela nécessite d’apprendre à avoir des rapports sexuels en étant détendu, ce qui n’est pas non plus quelque chose de naturel.

2) L’éjaculation est un mécanisme réflexe, qui se déclenche automatiquement lorsque l’on atteint un certain niveau d’excitation.
C’est la stimulation physique du gland, associée à la stimulation cérébrale, qui va activer les neurones qui vont déclencher le réflexe éjaculatoire.
Il n’est pas possible de bloquer ce réflexe une fois qu’il est déclenché (c’est d’ailleurs le cas de tous les réflexes du corps humain).
Ce qu’il est possible de faire, en revanche, c’est de moduler (retarder ou accélérer) le déclenchement de ce réflexe, en apprenant à contrôler son excitation.

-> Donc, ce qu’on apprend à contrôler ce n’est pas son éjaculation, mais son excitation.

Le mécanisme de l’éjaculation

L’éjaculation se déroule en 4 phases distinctes…

3) L’éjaculation précoce est l’un des problèmes sexuels les plus fréquents (cela concerne 20 à 25 % des hommes de tout âge). Elle se définit par le fait qu’un individu éjacule avant qu’il ne le souhaite, entraînant frustration ou insatisfaction. 
Si on éjacule rapidement mais qu’on le vit bien, que notre partenaire le vit bien et qu’on est satisfait de cette situation, ce n’est pas une pathologie.
En revanche si on en souffre, qu’on se trouve nul, qu’on est insatisfait ou que ça entraîne des problèmes dans le couple, alors il faut faire quelque chose !

4) De nos jours, les causes exactes de l’éjaculation précoce ne sont pas bien identifiées. 
On pense que certains hommes arrivent moins bien que d’autres à contrôler leur excitation et ont une tendance à éjaculer très rapidement, soit tout le temps, soit en fonction des situations. Souvent, dans ce cas, ce sont des hommes avec une émotivité intériorisée et une activité cérébrale forte (cogiter beaucoup, ruminer les idées, être un peu « speed » dans la tête en réfléchissant, besoin de « bien faire les choses » etc.)

D’autres hommes ont un déséquilibre au niveau des muscles du périnée qu’ils contrôlent mal, ce qui va augmenter le tonus musculaire, augmenter l’excitation physique, et donc accélérer le déclenchement du réflexe éjaculatoire.

Le fait d’être trop « tendu », stressé, mentalement pendant les rapports sexuels aggrave la rapidité de l’éjaculation (car l’état de tension mentale donne une tension musculaire qui accélère la contraction de l’éjaculation). C’est cela qui explique que plus on essaie de se retenir, et plus cela aggrave les choses, car plus on se met la pression, plus on « stresse », et plus le réflexe éjaculatoire se déclenche vite.

Certains hommes semblent avoir aussi une hypersensibilité du gland qui provoque une montée rapide de l’excitation physique.

-> Souvent il y a un peu de chacune des explications. 

5) A partir du moment où on a eu une période d’éjaculation prématurée, on a souvent une habitude d’éjaculer vite qui s’installe, comme un « mauvais réflexe » de rapidité, ce qui pourrait bien être la principale cause actuellement chez vous. 

-> C’est l’activation trop rapide de ce réflexe automatique qu’on va essayer de modifier.

Les conséquences de l’éjaculation prématurée

Cette dysfonction sexuelle est souvent associée à une baisse de l’estime de soi, un manque de contrôle et des conséquences négatives sur la relation de couple.
L’éjaculation prématurée peut être responsable d’une souffrance chez la partenaire et d’une diminution de la satisfaction sexuelle de cette dernière.
Une éjaculation prématurée sévère, ante portas c’est-à-dire ayant lieu avant même la pénétration peut être responsable de difficulté pour procréer.

Peut-on guérir de l’éjaculation précoce ?

On peut soigner l’éjaculation précoce avec ou sans médicament. Il va falloir travailler sur le volet corporel et comportemental. L’enjeu va être de créer de nouveaux schémas sexuels, de désapprendre au corps ces réflexes conditionnés appris au début de la vie sexuelle dans le cas de l’éjaculation prématurée primaire, ou qui ont remplacé l’éjaculation normale dans le cas de l’éjaculation prématurée secondaire.

Les traitements de l’éjaculation prématurée sont essentiellement basés sur les sexothérapies.

  • L’hypnose et la relaxation peuvent être très utiles pour diminuer la tension sexuelle et ralentir l’éjaculation en la maintenant en dessous du seuil du point de non-retour.
  • Les techniques préconisées en sexothérapie par le sexologue (la méthode sexocorporelle, le Stop and go…) permettent d’apprendre à se déconditionner et rééduquer son réflexe éjaculatoire.

Principes du traitement

L’éjaculation précoce est un réflexe conditionné. Le but est donc de se « déconditionner », de modifier ses comportements sexuels afin de prendre le temps, qui conviendra à l’individu, pour aboutir au plaisir du rapport. 

Il faut voir tous les exercices proposés par la suite comme un « entrainement du sportif », sans recherche de la performance ou du culte du corps. Ils vont nécessiter du temps et de la répétition. Ils sont efficaces pour la majorité des individus souffrant d’éjaculation prématurée. Il faut rassurer son patient, souvent impatient, justement, quand il s’est enfin décider à consulter, qu’il n’y a pas d’urgence. Lui proposer d’inclure son ou sa partenaire en lui expliquant que, s’il le souhaite, il ou elle pourra participer à son traitement, est aidant. 

De toutes les méthodes, les plus efficaces et brèves sont celles proposées en sexocorporelle. On peut les compléter par d’autres approches thérapeutiques comme celles cognitivo-comportementales. 

1) Education, information et fausses croyances

Préalablement au traitement, on va expliquer au patient :

2) Traitements médicamenteux

Deux médicaments sont autorisés en France pour le traitement de l’éjaculation prématurée : le Fortacin® et la dapoxetine.

  • Fortacin® est un anesthésique local en spray qui s’applique sur le gland du pénis des hommes souffrant d’une hypersensibilité du gland et n’est as soumis à prescription médicale.
Mécanisme d’action de Fortacin.
Cliquez pour agrandir.
  • Priligy® (dapoxetine) est un médicament de la famille des ISRS (anti-dépresseur) qui agit sur le taux de sérotonine cérébral, puissant modulateur du réflexe éjaculatoire, et est soumis à prescription médicale.
Mécanisme d’action de la dapoxetine.
Cliquez pour agrandir.

3) Modulation du système nerveux sympathique par les techniques de respiration

Le système nerveux sympathique, par le biais de la dopamine, participe, d’une part, à l’exacerbation de l’excitation sexuelle, et d’autre part, à l’activation du réflexe éjaculatoire .

L’activité sympathique se traduit également par une augmentation des rythmes respiratoires et cardiaques ainsi que par un accroissement du tonus musculaire.

En travaillant sur les techniques de respiration abdominales, il est possible de modérer l’activité du système nerveux sympathique, et donc le réflexe éjaculatoire.

4) Rôle de la rééducation périnéale dans le contrôle de l’éjaculation prématurée

Le muscle bulbo-caverneux doit être relâché lors du rapport sexuel. 

Or, généralement, l’homme qui souffre d’éjaculation prématurée va faire le contraire : pour retenir son éjaculation, ce dernier va avoir tendance à contracter son périnée, et cela va augmenter son excitation.

Pour apprendre à relâcher les muscles du périnée, il faut passer par une prise de conscience de celui-ci et bien savoir le repérer.

5) Approche sexo-corporelle

Cette approche montre très bons résultats dans la prise en charge de l’éjaculation prématurée.

C’est un ensemble de techniques qui vont apprendre à l’homme à «faire baisser la pression » au niveau du bas ventre, à générer moins d’excitation durant le rapport sexuel et à être moins dans la stimulation.

Cette approche va également apprendre à l’homme à dissocier les muscles satellites du périnée (fessiers, abdominaux, quadriceps) et lui apprendre à maîtriser la contraction et le relâchement de ces muscles, indépendamment les uns des autres.

La première étape consiste à travailler la bascule du bassin tout seul, hors rapport sexuel, puis à s’exercer à la bascule du bassin en se masturbant, et enfin à appliquer ces techniques lors des rapports sexuels.

6) Le Stop & Go

C’est un exercice qui se réalise par la masturbation. On va demander au patient de repérer son point de non-retour, au-delà duquel le réflexe d’éjaculation va se mettre en place. Le patient va se stimuler et au moment où il se sent sur le point d’éjaculer, il va arrêter de se stimuler. Puis, il va relâcher son périnée et réaliser quelques respirations abdominales. Cela va faire diminuer son niveau d’excitation. Ensuite, il va reprendre la stimulation. Il devra répéter cet exercice autant de fois qu’il est nécessaire pour atteindre le temps qu’il s’est fixé avant d’éjaculer. En faisant attention à ce que l’objectif de départ soit réaliste et réalisable : pas une heure. Cinq minutes, serait déjà bien.

On va également lui demander de repérer son état de tension musculaire, et d’essayer de repérer l’effet que cet état de tension musculaire a sur son excitation.

7) Le sensate focus

Ce sont des massages, à réaliser en alternance par l’un ou l’autre des partenaires. Cela va permettre de se décentrer de la zone sexuelle pour notre patient, de développer d’autres sensations qui vont provoquer une excitation sexuelle qui va être beaucoup plus modulée. On va interdire lors de la pratique de ces massages, la stimulation génitale.

Qui soigne l’éjaculation précoce ?

80% des cas d’éjaculation prématurée trouvent une solution en 6 à 10 semaines.

Il ne faut pas hésiter à en parler à votre médecin traitant qui saura vous adresser à un médecin sexologue. La première démarche est forcement difficile (pudeur, culpabilité, sentiment d’infériorité) mais le fait d’attendre risque d’accumuler les frustrations au niveau du couple et ainsi de rendre plus complexe la prise en charge.

Il ne faut pas non plus faire confiance aux « méthodes magiques » que l’on trouve sur Internet, mais bien se tourner vers un sexologue.
Environ deux tiers des sexologues sont des médecins (avec une majorité de généralistes, psychiatres, gynécologues, endocrinologues, urologues et sages-femmes). Le tiers restant se compose de psychologues, kinésithérapeutes. Ces professionnels ont un diplôme inter-universitaire de sexologie, reconnu par l’Ordre des Médecins depuis 1996.
Attention aux personnes bien souvent n’ont diplôme reconnu mais se font tout de même appeler « sexologues » ou «sexothérapeutes ».

Formation gratuite « contrôlez votre éjaculation »

Si vous souffrez ou connaissez des hommes qui souffrent d’éjaculation précoce, Mathieu, un ami sexothérapeute vous propose une formation gratuite qui vous aidera à comprendre comment résoudre vos problèmes d’éjaculation précoce.

Il explique à travers 4 vidéos (1 heure) comment éliminer dans un premier temps les fausses croyances sur le contrôle de l’éjaculation.

Ensuite il présente 3 cas concrets de d’hommes qui souffraient tous d’éjaculation précoce et qui l’ont résolu rapidement.

Enfin, il partage des outils qu’il utilise quotidiennement dans son cabinet pour apprendre à ses patients à contrôler leur éjaculation.

Pour accéder à la formation gratuite cliquez sur ce bouton :

Pour approfondir :

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Références

  1. Spira A et al., Les comportements sexuels en France, La documentation Française, Paris, 1993, 352p[]