Sexualité après la grossesse : 5 astuces pour retrouver du désir après l’accouchement

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Image par sohyun park de Pixabay

La question de la reprise des rapport sexuels après l’arrivée d’un enfant concerne la majorité des couples. En effet, les bouleversements à la fois physiologiques et psychologiques, entrainés par la grossesse et l’accouchement, laissent la place à de nombreuses questions.

C’est pourquoi le post-partum est une période particulièrement sensible pour la femme sur le plan sexuel, du fait de la récupération physique et psychique en cours.

Les études montrent, qu’en moyenne, la reprise des rapports sexuels se fait au bout de deux mois après l’accouchement1.

Mais pour une femme sur trois, les 3 à 12 premières semaines suivant l’accouchement vont représenter un véritable passage à vide sexuel2.

Les causes de cette baisse de libido et de ce désintéressement pour la sexualité sont liés, d’une part au préjudice corporel gynécologique et esthétique de la maternité, et d’autre part à la destabilisation psychologique plus ou moins importante de l’accouchement. On peut noter, entre-autres :

  • des séquelles immédiates en rapport avec la fatigue, les lochies, les douleurs de cicatrisation (épisiotomie et/ou éraillures), les poussées hémorroïdaires, les douleurs de contractions utérines (tranchées), etc.
  • un vécu douloureux de l’accouchement à la suite d’une extraction instrumentale du bébé (forceps), d’une délivrance artificielle (césarienne), d’une révision utérine, etc.
  • la neuropathie d’étirement par micro-lésions nerveuses, responsables d’une diminution de la sensibilité vulvo-vaginale, modifiant l’accessibilité à l’orgasme, mal vécue par la femme et souvent source de tensions conjugales3
  • des éléments physiologiques liés à la chute des hormones, entrainant une sécheresse vaginale, à l’origine de douleurs au moment des rapports.
  • un préjudice esthétique de la maternité lié au changement corporel de la grossesse (excès de poids résiduel, vergetures, relâchement de la sangle abdominale, acnée etc.) qui peut avoir des répercussions sur la vie personnelle et sexuelle de la femme, entrainant une perte de confiance en soi et une image modifiée de son corps qu’elle va devoir petit à petit se réapproprier dans les mois suivants l’accouchement.

Pourquoi est-ce que l’on manque de libido ?

En sexologie, on parle en général de troubles du désir en cas d’absence d’envie de faire l’amour ou de difficulté à jouir de manière durable, c’est-à-dire depuis au moins six mois. Ce délai peut même atteindre un an en ce qui concerne la reprise d’une activité coïtale (c’est-à-dire avec pénétration) dans les suites d’un accouchement, sans que cela ne soit forcement pathologique4.

Les causes d’une baisse de libido sont multiples (évènements de vie positifs ou négatifs, stress, problèmes somatiques, conflits au sein du couple) mais finissent bien souvent par user le couple et avoir un impact sur le désir et le plaisir de chacun.
Cela se manifeste essentiellement par un manque d’engouement pour la sexualité, un manque de plaisir voire des douleurs pendant les rapports, une difficulté voire l’apparition d’une phobie de la pénétration etc.

On remarques que nombre de ces difficultés surviennent particulièrement après la grossesse ou avec de jeunes enfants, le corps étant chamboulé, l’esprit étant ailleurs… Il est donc fréquent que la nouvelle vie de maman et la fatigue liée à l’arrivée de bébé entraine une baisse de la libido.

Le problème, c’est qu’à partir du moment où l’on fait moins l’amour, le corps s’adapte et en ressent moins l’envie. Plus on diffère la reprise de l’activité sexuelle, plus l’appréhension et le manque de confiance en soi s’installera. Cela pourra se manifester par l’existence de douleurs (dyspareunies) au moment des rapports, par des conduites d’évitements des situations intimes ayant souvent comme conséquence un mal-être au sein du couple.

Des rapports sexuels réguliers quant à eux, entrainent la sécrétion d’ocytocine, hormone de l’attachement et du bien-être qui va stimuler la libido et donner envie d’avoir de nouveau des rapports.

Heureusement ces troubles du désir se traitent pour la plupart, à condition d’avoir envie de les prendre en charge.

Une bonne surveillance clinique générale dans les suites de couches immédiates de la mère sont nécessaires pour détecter les pathologies psychiques (dépressions du post-partum) et physiques susceptibles de retentir sur la mère, son enfant, son couple. Il faut tout mettre en ouvre pour éviter l’apparition ou la persistante de difficultés sexuelles.

5 astuces pour retrouver du désir sexuel après l’accouchement

  1. Se reposer ! Qui a envie de faire l’amour après une journée épuisante à s’occuper du bébé ? Profiter des moments d’accalmie pour relancer les câlins et caresses est un élément indispensable, tout comme prendre soin de soi, se maquiller, se trouver soi-même désirable.
  2. Si l’idée d’une reprise de la relation sexuelle paraît tolérable, il faut la tenter ; même si la libido n’est pas au maximum et que cela représente un petit « effort ». Petit à petit, le désir peut revenir, à condition de multiplier les occasions de se surprendre et de surprendre l’autre (dîners, escapades romantiques, tout ce qui recrée de la complicité…).
    Il ne faut pas hésiter à discuter avec son partenaire pour trouver un terrain d’entente afin que chacun s’y « retrouve ». 
  3. Certaines contraceptions peuvent agir sur le terrain hormonal et participer à la baisse du désir. A la fin de l’allaitement, le type de contraception est quelque chose qu’il faut penser à revoir si besoin avec son gynécologue ou sa sage-femme..
  4. Il est possible d’utiliser certains médicaments ou crèmes qui facilitent la lubrification.
    Replens®, Monasens®, Cicatridine®, etc… sont vendues en pharmacie et sans ordonnance. Ces crèmes ou ovules s’administrent par voie vaginale en dehors des rapports sexuels, deux à trois fois par semaine, permettant une meilleure lubrification et facilitant les rapports sexuels. Cela peut aider lors d’une baisse de plaisir, et surtout lorsqu’il n’y a pas eu de rapports depuis longtemps, afin d’éviter des douleurs lors de l’intromission qui risqueraient ensuite de conduire à des situations d’évitement.
    Il existe également une crème : Zestra® agissant sur la sensation d’excitation génitale, vendue en pharmacie sans ordonnance.
  5. Enfin, les femmes qui fument devraient réduire les doses de tabac, voire ne jamais reprendre la cigarette après la grossesse : celle-ci peut en effet entrainer un dérèglement hormonal responsable d’une moindre sensibilité du clitoris, d’une baisse de lubrification et d’une chute du désir.

Et si on n’y arrive pas tout seul ?

Il est important d’être informé sur les changements potentiels de la sexualité liés au post-partum. Pour cela il ne faut pas hésiter à prendre RDV avec une sage-femme quelques semaines après l’accouchement et lui poser les questions toutes les questions nécessaires pour être rassurée.

Le temps de récupération de chaque femme est très variable, chacune doit prendre le temps de se retrouver et de se réapproprier son corps et ce nouvel état de maternité avant de pouvoir de nouveau aborder sa sexualité.

L’écoute et la bienveillance du partenaire est essentielle à la reprise de confiance de la femme.

Chaque femme est unique, chaque difficulté sexuelle également.
Shere Hite, une sexologue réputée a écrit un livre nommé « Le rapport Hite« . C’est un véritable guide de la sexualité féminine, rédigé grâce à une enquête menée auprès de milliers de femmes, qui permet de mieux comprendre sa propre sexualité, loin des clichés des médias et des fausses croyances. C’est un livre très utile concernant ce type de difficultés.

Si la difficulté paraît insurmontable, alors il faut consulter un thérapeute.
On y va seul ou en couple, sachant qu’à deux c’est mieux.

Attention aux « sexothérapeutes », qui bien souvent n’ont aucun diplôme reconnu et utilisent cette dénomination à la place de sexologue.

Environ deux tiers des sexologues sont des médecins (avec une majorité de généralistes, ou psychiatres, gynécologues, endocrinologues, urologues et sages-femmes). Le tiers restant se compose de psychologues, thérapeutes, kinésithérapeutes, conseillers conjugaux, hypnothérapeutes. Ces professionnels ont un diplôme inter-universitaire de sexologie, reconnu par l’Ordre des Médecins depuis 1996.

Il faut compter quelques séances à quelques mois de thérapie en fonction du problème.

Vous trouverez des adresses utiles sur cette page : Consulter un sexologue

Ce qu’il faut retenir

  • Les femmes se posent des questions par rapport à la sexualité durant et après la grossesse, mais les hommes aussi
  • 68% des mères ne se souviennent pas avoir parlé sexualité avec le gynécologue, et celles qui en ont parlé on surtout abordé le thème de l’abstinence…
  • 90% des hommes et femmes présentent des difficultés en post partum
  • La sexualité est un peu abordée en post partum mais presque jamais en post PMA

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Références

  1. Pauls, Rachel N., John A. Occhino, et Vicki L. Dryfhout. « Effects of Pregnancy on Female Sexual Function and Body Image: A Prospective Study ». The Journal of Sexual Medicine 5, no 8 (août 2008): 1915‑22. https://doi.org/10.1111/j.1743-6109.2008.00884.x[]
  2. Waynberg, Jacques. Guide pratique de sexologie médicale. Paris: Editions Masson, 1997.[]
  3. Lopès, Patrice. « Sexualité et grossesse, sexualité et post-partum ». In Manuel de sexologie, 2e édition., 82‑88. Paris: Elsevier Masson, 2013.[]
  4. Leuillet, Patrick. « Grossesse et post-partum ». In Médecine sexuelle : Fondements et pratiques, Lavoisier., 201‑2. Médecine Sciences Publications, 2016.[]