8+3 conseils pour concilier asthme et sexualité

L’asthme est une maladie respiratoire chronique fréquente, responsable de symptômes gênants, qui vont souvent altérer la qualité de vie des patients.

Elle touche plus de 4 millions de personnes en France, avec une prédominance pendant l’enfance, la prévalence chez l’adulte étant estimée à 6,7%.

La maladie peut être grave quand elle n’est pas prise en charge correctement ou lorsqu’elle échappe au contrôle des traitements.
En France, l’asthme sévère est directement associé à plus de 60 000 hospitalisations et à près de 900 décès par an. En outre, la maladie altère considérablement la qualité de vie. Elle entraîne des insomnies, une baisse d’activité et un absentéisme à l’école ou au travail.

Mais ce que l’on sait un peu moins, c’est que cette affection altère de manière significative la qualité de vie intime et sexuelle.

Vue globale mecanisme asthme - Ameli.fr
Source : ameli.fr

En effet, une enquête auprès de patients anglais1 révèle que deux tiers des participants estimaient que l’asthme avait des répercussions négatives sur leur vie sexuelle.

Les études23456 montrent quant à elles que le fait de vivre avec un asthme sévère peut entraîner :

  • Des difficultés respiratoires et un sentiment d’étouffement pendant les contacts intimes (depuis les baisers jusqu’à certaines positions sexuelles).
  • La crainte d’une exacerbation pendant les rapports sexuels, entrainant une anxiété anticipatoire et des conséquences négatives sur la relation. La peur et la gêne à l’idée de devoir appeler une ambulance étant parfois perçues comme pires que la crise d’asthme en elle-même.
  • Une faible estime de soi, secondaire à la fatigue chronique (liée à la prise de corticostéroïdes et à la diminution des capacités physiques à cause de la maladie), et une charge émotionnelle considérable, responsable d’une diminution de la fonction sexuelle et d’un mauvais état psychologique7. Cela peut entretenir un cercle vicieux, le manque d’intimité résultant d’une mauvaise santé influençant négativement le désir8.
  • Un sentiment de culpabilité et d’inutilité lié au sentiment de ne pas satisfaire le/la partenaire. Certains allant même jusqu’à proposer à leur partenaire d’aller chercher une activité sexuelle extra-conjugale, par culpabilité.
Répercussions asthme sexualité
Répercussions de l’asthme sur la sexualité

Ces difficultés ne concernent pas uniquement les patients souffrant d’asthme sévère : une comparaison des évaluations sexuelles des femmes souffrant d’asthme léger par rapport à une cohorte en bonne santé a également démontré une perte de désir et une plus grande prévalence de problèmes émotionnels avec un impact sur l’intimité9.

8 conseils pour les patients

1 – Avoir un asthme équilibré

L’asthme ne se guérit pas : il persiste toute la vie même si des phases de rémission peuvent durer plusieurs années, faisant parfois oublier la maladie. Le contrôle de la maladie repose sur un traitement de fond quotidien et un traitement de crise, uniquement en cas de symptômes. Il est en outre fondamental d’éliminer les facteurs déclenchants de son environnement, pour limiter les crises.

Les traitements de fond permettent de limiter la fréquence et la sévérité des crises d’asthme. Il s’agit d’anti-inflammatoires, corticostéroïdes inhalés ou anti-leucotriènes pouvant être associés à un bronchodilatateur de longue durée d’action. Leurs effets sont parfois longs à se manifester, entrainant souvent une mauvaise utilisation, voire un arrêt précoce du traitement.

Les traitements de crise, des bronchodilatateurs d’action rapide, permettent quant à eux de limiter l’intensité des symptômes.

Un suivi médical régulier est important, même lorsque le patient se sent bien. Les sociétés savantes préconisent un contrôle tous les 3 mois par le médecin traitant et au moins 1 fois par an par le pneumologue10.

2 – En parler avec son médecin

Aborder le sujet de la sexualité est difficile et la plupart des gens pensent que cela ne concerne pas les médecins : c’est faux ! Si peu de médecins posent des questions autour de la sexualité à leurs patients, c’est surtout par peur d’être intrusif.

Si la question vous travaille, parlez-en à votre médecin comme pour n’importe quel autre problème de santé.

Bon à savoir : n’attendez pas la dernière minute de la consultation pour aborder le sujet. L’idéal étant de prendre un rendez-vous spécifique pour en parler.

3 – En parler avec son/sa partenaire

Lors d’une nouvelle rencontre, le premier moment d’intimité sexuelle est excitant mais toujours un peu stressant. Il faut découvrir le partenaire, on se demande si on va lui plaire, si on va bien s’entendre sexuellement. Si à cela s’ajoute un stress supplémentaire à l’idée de faire une crise d’asthme, qu’on ne sait pas comment aborder le sujet ou qu’on a peur de le faire fuir en lui parlant de notre maladie, cela peut devenir invalidant.

Cette vidéo traduite depuis le site https://www.asthma.org.uk/advice/triggers/sex/ avec leur aimable autorisation vous donnera tous les outils pour aborder le sujet avec votre partenaire.

4 – Avoir son inhalateur à portée de main

La Ventoline® peut vous sauver la vie ! Il faut toujours avoir un inhalateur à portée de main, c’est-à-dire sur la table de nuit. C’est plus pratique que de le laisser au fond d’un sac à main (celui-dans-lequel-on-ne-retrouve-jamais-rien) ou dans la poche de son pantalon abandonné à l’entrée de la chambre.

5 – Utiliser un traitement en préventif

Après avis de votre médecin, il est possible de prendre 2 bouffées de Ventoline® avant le rapport sexuel. La durée d’action bronchodilatatrice du salbutamol par voie inhalée est de 4 à 6 heures : de quoi vous offrir le temps d’initier un rapport intime sans aucune précipitation…

6 – Connaitre la conduite à tenir en cas de crise

Dès les premiers symptômes de crise d’asthme (essoufflement, oppression thoracique, toux, etc) il est recommandé de :

  • se redresser et s’installer dans la position où l’on se sent plus à l’aise pour respirer (en général en position assise)
  • prendre immédiatement deux bouffées de Ventoline® (salbutamol) ou d’un autre bronchodilatateur bêta-2 mimétique d’action rapide.
  • Après dix à quinze minutes, si la gêne persiste, on peut reprendre deux bouffées.
  • Après dix à quinze minutes de plus et si les symptômes n’ont toujours pas disparu, on peut prendre de nouveau deux à quatre bouffées.
  • Une crise simple doit s’arrêter après la prise de six à huit bouffées.

7 – Savoir reconnaitre les signes de gravité de l’asthme

Si la crise d’asthme persiste : troubles de la vigilance, agitation, impossibilité de parler, orthopnée, pauses respiratoires, sueurs, cyanose, silence auscultatoire, fréquence cardiaque > 110 battements/min, polypnée > 30/min

8 – Ne pas avoir peur d’appeler le 15

Rapellez-vous ce chiffre édifiant : 45 % des décès dus à l’asthme surviennent avant que les patients ne demandent de l’aide11 !

Ce n’est pas parce que la crise est foudroyante… mais parce que les patients n’osent pas appeler les secours :

  • par peur de les déranger,
  • par peur d’aller à l’hôpital
  • ou par gène de devoir expliquer le contexte de la crise d’asthme : une partie de jambes en l’air un peu trop intense.

En cas de crise d’asthme sévère, il faut surmonter cette peur et appeler le 15. Les pompiers, les ambulanciers et les médecins du SAMU sont là pour vous soigner sans jugement, n’ayez aucune crainte.

3 conseils pour le/la partenaire

Vivre avec un partenaire qui présente une maladie chronique peut être source d’inquiétudes et de nombreux questionnements. 

1- Fatigue ne signifie pas manque de désir

Si votre partenaire dit qu’il est fatigué, ce n’est pas qu’il cherche une excuse pour ne pas avoir de rapports sexuels, en effet, les patients souffrant d’asthme grave présentent souvent une fatigue chronique liée à la prise de médicaments et bien entendu à la maladie en elle-même. Apres une journée « normale », il peut se sentir épuisé comme si la journée avait été très intense.

Pour favoriser les rapports intimes le soir, mieux vaut donc se mettre au lit de bonne heure plutôt que de préférer regarder d’abord votre série préférée.

2- Essayer de privilégier les positions les plus favorables

Dans les cas où l’asthme n’est pas parfaitement équilibré, certaines positions sont assez compliquées pour la personne concernée, surtout si elle se retrouve « coincé(e) » en-dessous ou « étouffé(e) » sous les couvertures.

Les positions les plus confortables pour la personne asthmatique sont celles où elle est au-dessus (par exemple : andromaque pour une femme asthmatique, missionnaire ou levrette pour un homme asthmatique).

3- Ne pas méconnaitre ses propres difficultés

Il n’est pas rare que les difficultés sexuelles de l’un des partenaires entrainent un retentissement sur l’autre. A titre d’exemple, suivant les études, la moitié des femmes dont le partenaire souffre d’un problème d’érection évoquent des troubles du désir, du plaisir et des phénomènes douloureux lors des rapports. L’une des causes de cette souffrance chez la femme est le manque de communication (18%) et de caresses pour compenser (18%) bien plus que l’absence de pénétration (3%) ou de rapport abouti.

N’hésitez pas à contacter un professionnel de santé pour vous informer.

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Références

  1. « Sex as an Asthma Trigger », Asthma UK, consulté le 2 mai 2020, https://www.asthma.org.uk/advice/triggers/sex/[]
  2. Ad A. Kaptein et al., « Sexuality in Patients with Asthma and COPD », Respiratory Medicine 102, no 2 (février 2008): 198‑204, https://doi.org/10.1016/j.rmed.2007.09.012[]
  3. Leanne Jo Holmes et al., « Sex and Intimacy in People with Severe Asthma: A Qualitative Study », BMJ Open Respiratory Research 6, no 1 (2019): e000382, https://doi.org/10.1136/bmjresp-2018-000382[]
  4. A. R. Maillé et al., « The Development of the “Quality-of-Life for Respiratory Illness Questionnaire (QOL-RIQ)”: A Disease-Specific Quality-of-Life Questionnaire for Patients with Mild to Moderate Chronic Non-Specific Lung Disease », Respiratory Medicine 91, no 5 (mai 1997): 297‑309, https://doi.org/10.1016/s0954-6111(97)90034-2[]
  5. A. Shah et M. Sircar, « Postcoital Asthma and Rhinitis », Chest 100, no 4 (octobre 1991): 1039‑41, https://doi.org/10.1378/chest.100.4.1039[]
  6. Ilan H. Meyer et al., « Asthma-Related Limitations in Sexual Functioning: An Important but Neglected Area of Quality of Life », American Journal of Public Health 92, no 5 (mai 2002): 770‑72, https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC1447159/[]
  7. T. Jaarsma et al., « Sexual Function in Patients with Advanced Heart Failure », Heart & Lung: The Journal of Critical Care 25, no 4 (août 1996): 262‑70, https://doi.org/10.1016/s0147-9563(96)80061-6[]
  8. Thomas F Cash, « Body Image: Past, Present, and Future », Body Image 1, no 1 (1 janvier 2004): 1‑5, https://doi.org/10.1016/S1740-1445(03)00011-1[]
  9. M. Murad Başar et al., « Female Sexual and Hormonal Status in Patients with Bronchial Asthma: Relationship with Respiratory Function Tests and Psychological and Somatic Status », Urology 69, no 3 (mars 2007): 421‑25, https://doi.org/10.1016/j.urology.2006.12.001[]
  10. « Recommandations pour la prise en charge et le suivi des patients asthmatiques », consulté le 5 mai 2020, http://splf.fr/recos/recommandations-pour-la-prise-en-charge-et-le-suivi-des-patients-asthmatiques/[]
  11. Rebecca O’ Kane, « WHY ASTHMA STILL KILLS », The Ulster Medical Journal 86, no 1 (janvier 2017): 44, https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5324182/[]