Retentissements des pathologies prostatiques sur la sexualité
Movember (ou Movembre) est un événement annuel organisé par la fondation Movember Foundation Charity. Chaque année au mois de novembre, les hommes du monde entier sont invités à se laisser pousser la moustache dans le but de sensibiliser l’opinion publique et de lever des fonds pour la recherche dans les maladies masculines telles que les pathologies de la prostate. A cette occasion, il est important de rappeler que les troubles sexuels des hommes atteints de problèmes prostatiques sont bien présents, mais souvent négligés. La prise en charge et le traitement de la dysfonction érectile permettent pourtant d’améliorer les effets sexuels négatifs de l’hypertrophie bénigne de la prostate, les troubles de l’humeur associés à cette pathologie et même les effets secondaires des traitements des troubles urinaires. |
L’hypertrophie bénigne de la prostate (HBP) et les troubles urinaires du bas appareil (TUBA) font partie des maladies chroniques qui impactent le plus négativement la sexualité1.
Combinés à l’hypertrophie bénigne de la prostate, les troubles urinaires du bas appareil multiplient par 4 les risques de souffrir d’une dysfonction sexuelle, érectile ou orgasmique chez les hommes âgés. Non seulement elles perturbent le quotidien, mais diminuent également tant la qualité de vie en général que la vie sexuelle, relationnelle et psychologique de celui qui en souffre. Elles peuvent même être à l’origine de troubles anxieux et d’états dépressifs. Prendre en charge rapidement l’hypertrophie bénigne de la prostate et les troubles urinaires du bas appareil, permet d’améliorer l’humeur et, en parallèle, les fonctions urinaires et sexuelles des patients qui en sont affectés.
Quels sont les troubles sexuels relatifs à l’HBP et aux TUBA ?
L’hypertrophie bénigne de la prostate est la première affection qui touche le plus les hommes de plus de 40 ans dans le monde. Accompagnée de troubles urinaires du bas appareil et des gênes qui en découlent, elle détériore la qualité de vie de celui qui en est atteint en entraînant divers troubles.
Des troubles de l’érection
Bon nombre d’études ont montré que plus de la moitié, voire près des 2/3 des hommes qui souffrent d’hypertrophie bénigne de la prostate et de troubles urinaires, présentent aussi des troubles de l’érection234. Même si le risque de souffrir de DE, de TUBA et d’HBP augmente avec l’âge, des études ont démontré que le risque de souffrissiez de troubles érectiles est plus corrélé à l’importance de la gêne urinaire qu’à celle de l’âge 5.
Des troubles de l’orgasme et de l’éjaculation
Non seulement, l’hypertrophie bénigne de la prostate et les troubles urinaires du bas appareil entraînent des dysfonctions érectiles, mais ils provoquent également des difficultés à éjaculer et à atteindre l’orgasme. Plus les troubles urinaires du bas appareil se font sévères, plus grave est la dysfonction éjaculatoire (50 à 80% des TUBA)6. Même s’il arrive à maintenir une érection, plus d’un homme sur deux souffrant de troubles urinaires présente un trouble de l’orgasme avec une éjaculation absente, diminuée, difficile, retardée ou douloureuse.
Les troubles du désir
Il va de soi que ces troubles de l’érection et d’éjaculation ainsi que la difficulté à atteindre l’orgasme entrainent une baisse significative de l’estime de soi chez l’homme. Apparaissent alors les troubles du désir, accentués par la prise de certains médicaments comme les inhibiteurs de la 5 alpha réductase utilisés pour traiter l’hypertrophie bénigne de la prostate, ou par bien l’incontinence urinaire7.
La climacturie
L’homme qui souffre de troubles urinaires du bas appareil, d’hypertrophie bénigne de la prostate et d’incontinence risque également d’avoir des pertes urinaires au cours de ses relations sexuelles. Même s’il n’est pas encore confronté à une telle situation, rien que d’y penser peut fortement le décourager dans ses élans et limiter sa sexualité8.
L’hypertrophie bénigne de la prostate et les troubles urinaires à l’origine de la détérioration de la qualité de vie
En gros, l’hypertrophie bénigne de la prostate et les troubles urinaires du bas appareil concernent surtout les séniors. Ce sont des affections qui perturbent grandement leur sexualité dans la mesure où, contrairement au passé, celle-ci se vit actuellement au grand jour. Les personnes âgées de plus de 60 ans la revendiquent même et s’en déclarent fières.
Les séniors actuels : encore actifs sur le plan sexuel
On sait aujourd’hui que les séniors âgés restent encore sexuellement actifs entre 57 et 87 ans. Ils s’intéressent à tout ce qui touche de près à la sexualité, car ces derniers la considère comme une condition nécessaire à la continuité du couple. Ceux qui se disent heureux en ménage sont ceux qui accordent une grande importante à la sexualité. En gardant une vie sexuelle régulière, même à un âge avancé, les séniors changent le concept social de la vieillesse. Cette dernière rime désormais avec un niveau de vie élevé, l’exercice d’activités physiques, le maintien d’une vie sociale réussie et la poursuite d’une vie sexuelle épanouie9.
Troubles sexuels et urinaires : une relation psychophysiologique
Ce n’est pas étonnant si les personnes âgées craignent tant ces troubles sexuels engendrés par les gênes urinaires ainsi que les difficultés qui en résultent sur leur virilité. Des facteurs physiopathologiques entraînent en effet chez les hommes souffrant d’hypertrophie bénigne de la prostate et de troubles urinaires du bas appareil, la dégradation de leur fonction érectile et éjaculatoire. Celles-ci engendrent en parallèle une dévalorisation de l’estime de soi et rendent encore plus difficile le vécu de ces troubles ou les aggravent même.
Une vie quotidienne de plus en plus difficile et dégradée
Au fil du temps, les troubles urinaires risquent en effet de s’empirer et de faire apparaître pollakiurie et mictions impérieuses. Cela va limiter le malade dans sa vie quotidienne et créer des contraintes dans ses déplacements, son travail, sa vie sociale et affective, etc. Ceux-ci dépendront de l’urgence à uriner ou des troubles qui s’y rapportent, des facteurs qui détériorent progressivement la qualité de vie.
Des troubles de l’humeur et des difficultés émotionnelles
Petit à petit, des troubles de l’humeur comme une anxiété voire une dépression peuvent apparaître suite à la dégradation de la sexualité, quel que soit le profil du patient. Dans ce contexte, les antidépresseurs et les anxiolytiques prescrits habituellement pour ces troubles, n’améliorent pas l’humeur, montrant une autre corrélation entre l’hypertrophie bénigne de la prostate, les troubles urinaires du bas appareil, les états dépressifs et les troubles du sommeil10.
Mauvaise estime de soi et retentissement sur le couple
Au fur et à mesure qu’ils s’aggravent, les troubles urinaires liés à l’hypertrophie bénigne de la prostate dégradent l’estime de soi et donnent au patient l’impression de vieillir prématurément. Contrairement aux autres affections chroniques qui peuvent perturber la vie intime, ces maladies sont pourtant souvent ignorées, accroissant le sentiment chez le patient de ne plus pouvoir être traité ni guéri. Sa vie affective en pâtit fortement à cause du manque de sommeil et des mictions nocturnes, de même pour la vie sociale du couple11.
Pour une prise en charge thérapeutique plus élaborée
Malheureusement, les troubles sexuels des hommes atteints de troubles urinaires du bas appareil liés à une hypertrophie bénigne de la prostate ne sont pas encore suffisamment pris en charge par le corps médical. Ils restent encore mal connus et négligés, de même pour les effets secondaires des traitements prescrits sur la sexualité des patients. Ces derniers n’osent toutefois pas en parler ni consulter des spécialistes pour cela, pensant ne pas pouvoir en être guéris. La prise en charge et le traitement de la dysfonction érectile permettent pourtant d’améliorer les traitements de l’hypertrophie bénigne de la prostate. Il en est de même de même pour les traitements des troubles urinaires par rapport aux troubles sexuels et de l’humeur.
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Références
- Colson, M.-H. 2014. « Conséquences psychologiques et sexuelles de l’hypertrophie bénigne de la prostate (HBP) ». Sexologies 23 (2): 85‑90. https://doi.org/10.1016/j.sexol.2014.04.004.[↩]
- Feldman et al. 1994. « Impotence and Its Medical and Psychosocial Correlates: Results of the Massachusetts Male Aging Study ». The Journal of Urology 151 (1): 54‑61. https://doi.org/10.1016/s0022-5347(17)34871-1.[↩]
- Morant et al. 2009. « Increased Sexual Dysfunction in Men with Storage and Voiding Lower Urinary Tract Symptoms ». The Journal of Sexual Medicine 6 (4): 1103‑10. https://doi.org/10.1111/j.1743-6109.2008.01120.x.[↩]
- Moreira et al. 2003. « Incidence of Erectile Dysfunction in Men 40 to 69 Years Old: Results from a Population-Based Cohort Study in Brazil ». Urology 61 (2): 431‑36. https://doi.org/10.1016/s0090-4295(02)02158-1.[↩]
- Wein et al. 2009. « The Impact of Lower Urinary Tract Symptoms on Male Sexual Health: EpiLUTS ». BJU International 103 Suppl 3 (avril): 33‑41. https://doi.org/10.1111/j.1464-410X.2009.08447.x.[↩]
- Rosen et al. 2009. « Ejaculatory Dysfunction in Men with Lower Urinary Tract Symptoms Suggestive of Benign Prostatic Hyperplasia ». BJU International 104 (7): 974‑83. https://doi.org/10.1111/j.1464-410X.2009.08503.x.[↩]
- Hellstrom et al. 2009. « Ejaculatory Dysfunction and Its Association with Lower Urinary Tract Symptoms of Benign Prostatic Hyperplasia and BPH Treatment ». Urology 74 (1): 15‑21. https://doi.org/10.1016/j.urology.2008.06.048.[↩]
- Lee et al. 2006. « Climacturia Following Radical Prostatectomy: Prevalence and Risk Factors ». The Journal of Urology 176 (6 Pt 1): 2562‑65; discussion 2565. https://doi.org/10.1016/j.juro.2006.07.158.[↩]
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- Mitropoulos et al. 2002. « Symptomatic Benign Prostate Hyperplasia: Impact on Partners’ Quality of Life ». European Urology 41 (3): 240‑44; discussion 244-245. https://doi.org/10.1016/s0302-2838(02)00041-6.[↩]