Psoriasis : quels retentissements sur la sexualité ?
Le psoriasis est une maladie inflammatoire multifactorielle de la peau (dermatose) qui touche environ 2% de la population française1. Cette maladie dermatologique se caractérise par des plaques rouges et des squames (lamelles blanchâtres) bien souvent accompagnés de démangeaisons. Le psoriasis se manifeste par poussées.
Il existe un terrain génétique au développement du psoriasis, avec 10% de formes héréditaires. D’autres facteurs comme un dysfonctionnement immunitaire, une prise médicamenteuse ou une émotion importante peuvent déclencher son apparition.
Cette pathologie affecte la santé, le bien-être et en grande partie la sexualité.
Le psoriasis augmente les troubles sexuels et en particulier les troubles de l’érection
Les dysfonctions sexuelles sont plutôt fréquentes chez les hommes et les femmes présentant du psoriasis. En effet, cette dermatose inflammatoire entraîne des plaques sur le corps pouvant être déplaisantes. Généralement, elles apparaissent sur les zones de frottement au niveau des coudes, des genoux, des avant-bras ou s’étendent sur toute la surface du corps.
Les personnes souffrant de cette pathologie ont tendance à vouloir se cacher et à éviter le contact avec les autres. Si bien que ce comportement d’évitement génère de l’anxiété, une insatisfaction constante, de la dépression et une perte du contact social. Ces comportements secondaires ont une incidence directe sur la libido et le désir sexuel.
Selon les études, entre 22% et 71% des patients (hommes et femmes) souffrant de psoriasis sont concernés par une dysfonction sexuelle2.
Une étude brésilienne a mis en évidence que le désir sexuel est grandement altéré chez plus de la moitié des femmes souffrant de cette dermatose3.
Les troubles de l’érection sont présents chez 55% des hommes souffrant de psoriasis4.
Les dysfonctions érectiles sont dans certains cas accompagnées d’une éjaculation prématurée, d’une baisse de libido ou d’une difficulté à atteindre l’orgasme. Une étude de 20095 montre que chez les hommes :
- 16 % constatent une éjaculation précoce ;
- 13 % observent une baisse de libido ;
- 7,5 % sont sujets à une anorgasmie ;
Le psoriasis entraîne un retentissement négatif sur le couple avec un retentissement sur la sexualité du conjoint
Le psoriasis est une affection bénigne et non-contagieuse si elle n’évolue pas vers une forme plus sérieuse. Les plaques présentes sur le corps en fonction de leurs localisations et de leurs importances peuvent être perçues comme un vrai handicap.
En effet, si la plupart des lésions psoriasiques sont légères et s’atténuent avec le temps, le psoriasis peut parfois prendre une forme plus grave, comme :
- Un psoriasis érythrodermique qui se caractérise par des plaques semblables à des coups de soleil. Cette forme est rare mais grave et nécessite une hospitalisation en urgence car la peau n’assure plus ses fonctions de protection et de thermorégulation.
- Un psoriasis pustuleux qui se manifeste par des phlyctènes purulentes et jaunâtres. Ce type d’affection entraîne une restriction dans les activités quotidiennes puisque les cloques apparaissent principalement sur les mains et la voute plantaire.
Cette maladie a donc une influence sur le comportement de la personne ainsi que sur sa santé mentale.
Ainsi, une étude de 2018 montre que6 :
Les patients souffrant de psoriasis ont des conduites d’évitement. En effet, 47% d’entre eux réduisent leurs participations à des activités sociales comme sortir entre amis ou rencontrer de nouvelles personnes et 39% ressentent un rejet social.
Le psoriasis touche grandement à l’intimité et au couple. Le manque de confiance en soi, l’inquiétude de montrer son corps nu ou bien de se couvrir à outrance peut entraîner des tensions sexuelles au sein d’un couple. Le sentiment de honte et la peur du regard de l’autre peut induire une difficulté dans la relation et dans les rapports sexuels.
Pour la personne souffrant de psoriasis, les caresses sont souvent difficiles à supporter. La gêne physique est tellement importante que de nombreux patients évitent les relations intimes. Une étude montre que 71 % des patients se sont abstenus d’avoir des rapports sexuels.
Ce comportement n’est pas sans conséquences sur le conjoint, puisque des troubles du désir, de l’excitation ou de l’orgasme a été constaté chez 40% des partenaires (47,9 % des femmes et 35,3 % des hommes) de personnes souffrant de psoriasis.
Le cas particulier du psoriasis génital
Généralement, l’affection touche les zones de frottement comme les coudes, les genoux, le cuir chevelu ou bien la zone lombaire. Cependant, le psoriasis peut se propager sur l’entièreté du corps et atteindre les zones génitales.
Selon une étude, 16,5% des patients constatent une atteinte des parties intimes au cours de leurs maladies. Il existe une difficulté à évaluer un pourcentage juste par les dermatologues.
Il n’est pas aisé de montrer ses parties génitales et beaucoup de patients n’osent pas consulter. Le psoriasis génital se caractérise par des plaques rouges luisantes et épaisses aux contours nets et bien délimités. À la différence du psoriasis commun, il n’y a pas de desquamation cutanée. En partie parce que cette zone est humide.
Les lésions atteignent les zones pileuses, les plis, les muqueuses, le pubis et l’intérieur des cuisses. Les plaques provoquent des sensations de brûlure et des démangeaisons. Les prurits entraînent des grattages chroniques qui à leurs tours accentuent les plaques et favorise le développement du psoriasis.
Les lésions peuvent être impressionnantes et disgracieuses. Même si le psoriasis n’est pas contagieux, cette pathologie peut être confondue avec d’autres maladies comme une mycose, de l’herpès ou une infection sexuellement transmissible. Il y a une certaines difficultés physiques à maintenir une sexualité épanouie.
Selon une étude de 20107 :
- 29% des patients ressentent une gêne vis-à-vis de leurs corps lorsque le psoriasis est placé sur les parties génitales, avec un risque de dysfonction sexuelle est plus élevé.
- Chez l’homme, les troubles de l’érection sont présent à 48,3 % et le psoriasis génital impacte négativement leurs expériences sexuelles.
- Chez les femmes, le désir, l’excitation et la satisfaction sexuelle sont nettement altérés.
- Les rapports sexuels sont moins fréquents chez les personnes souffrant de psoriasis génital puisque les frottements durant les ébats accentuent les plaques et les démangeaisons.
- Chez les hommes, le préservatif est source d’inconfort
L’importance d’une discussion soignant-soigné sur l’impact du psoriasis sur la sexualité
Les dysfonctions sexuelles chez l’homme et la femme présentant du psoriasis peuvent être améliorées si cette dimension est prise en charge lors du suivi médical. Les troubles sexuels ne sont pas d’origine biologique ou mécanique. Ils sont causés principalement par un mal être, une profonde gêne et une mauvaise condition psychologique. En effet, la plupart des patients présentent des signes de dépression ou d’anxiété. 62% des patients sont sujets à une symptomatologie dépressive et 45% à une anxiété chronique8.
Comment améliorer la qualité des rapports sexuels chez les patients souffrant de psoriasis ?
Il est recommandé de porter des vêtements en coton, en lin ou en soie, de préférence fluides et qui ne collent pas à la peau. Les plaques peuvent être soulagées par des huiles et des crèmes spécifiques à base de cortisone et de vitamine D.
La souffrance psychologique peut être soulagée en consultant un psychologue et un sexologue. Ce dernier pourra vous accompagner dans la prise en charge de vos dysfonctions sexuelles et vous conseiller dans le choix de sous-vêtements, de moyens de contraception et de lubrifiants pour améliorer votre confort. Le sexologue pourra également vous aider à changer votre regard vis-à-vis de votre sexualité et à trouver des solutions pour mieux vivre avec votre affection.
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Références
- https://www.inserm.fr/information-en-sante/dossiers-information/psoriasis[↩]
- B. Halioua et al., « Impact of Patient Psoriasis on Partner Quality of Life, Sexuality and Empathy Feelings: A Study in 183 Couples », Journal of the European Academy of Dermatology and Venereology 34, no 9 (septembre 2020): 2044‑50, https://doi.org/10.1111/jdv.16270[↩]
- Patricia Shu Kurizky et al., « Evaluation of the occurrence of sexual dysfunction and general quality of life in female patients with psoriasis », Anais Brasileiros de Dermatologia 93, no 6 (décembre 2018): 801‑6, https://doi.org/10.1590/abd1806-4841.20183071[↩]
- A. Bouhamidi et al., « Troubles sexuels chez les patients psoriasiques : étude de 38 cas », Annales de Dermatologie et de Vénéréologie 145, no 12 (décembre 2018): S326, https://doi.org/10.1016/j.annder.2018.09.531[↩]
- J.-N. Dauendorffer, S. Ly, et M. Beylot-Barry, « Psoriasis and Male Sexuality », Annales de Dermatologie et de Vénéréologie 146, no 4 (avril 2019): 273‑78, https://doi.org/10.1016/j.annder.2019.01.021[↩]
- B. Halioua et al., « Dysfonctionnements sexuels chez le conjoint de patients souffrant de psoriasis », Annales de Dermatologie et de Vénéréologie 145, nᵒ 12 (décembre 2018): S250‑51, https://doi.org/10.1016/j.annder.2018.09.387[↩]
- Kap Meeuwis et al., « Genital Psoriasis: A Questionnaire-Based Survey on a Concealed Skin Disease in the Netherlands: Epidemiology of Genital Psoriasis », Journal of the European Academy of Dermatology and Venereology 24, no 12 (décembre 2010): 1425‑30, https://doi.org/10.1111/j.1468-3083.2010.03663.x[↩]
- Jennifer Hayes et John Koo, « Psoriasis: Depression, Anxiety, Smoking, and Drinking Habits », Dermatologic Therapy 23, no 2 (mars 2010): 174‑80, https://doi.org/10.1111/j.1529-8019.2010.01312.x[↩]