Genre et orientation sexuelle : comment améliorer la santé sexuelle des personnes non-binaires ?

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Les personnes transgenres, ou non-binaires, constituent un groupe particulièrement vulnérable au niveau de leur santé sexuelle, en partie liées aux représentations erronées et aux fausses croyances à leur sujet.

Ces populations subissent déjà des préjudices par ailleurs (sociaux ou autres) et, même si dans le domaine de la santé, ils sont globalement bien pris en charge, on oublie bien souvent d’en prendre soin dans le domaine de la santé sexuelle.

Il est important, pour bien prendre en charge les personnes transgenre, de connaître parfaitement le concept d’identité sexuelle, et il est important de montrer un maximum de bienveillance en respectant quelques principes que nous détaillerons plus loin.

Concepts de genre, identité de genre, orientation sexuelle, rôle sexuel et préférences sexuelles

Le modèle de l’identité sexuelle est un modèle créé en 1977 par Shiveley et De Cecco.

L’identité sexuelle définit un ensemble d’attitudes et de comportements qui déterminent le sexe, le genre, le rôle et l’orientation sexuelle d’un individu.

Il est important de découper chaque partie pour comprendre où on en est en tant qu’individu.

Modèle de l’identité sexuelle 
D’après Shiveley et De Cecco (1977)

Sexe biologique

Le sexe biologique est utilisé pour identifier les individus de façon biologique, c’est-à-dire

  • par leur phénotype (anatomie) : vulve=femelle ou pénis=mâle
  • ou par leur génotype (chromosomes) : XY=mâle / XX=femelle

Identité de genre

L’identité de genre est la conviction intime et personnelle d’appartenir à un genre (masculin/féminin), c’est-à-dire de se sentir « homme », « femme », ni l’un ni l’autre ou les deux à la fois.

C’est un sentiment profond et fort, qui ne se contrôle pas et qui ne se choisit pas.

Parfois, ce sentiment est en accord avec le genre donné à la naissance sur la base des organes génitaux, on utilise alors le terme de cis genre ; parfois il ne l’est pas, on utilise alors le terme de non-binaire, qui comporte des sous-catégories :

  • transgenre (par exemple une personne assignée fille au niveau de son sexe biologique mais qui se définit librement en tant qu’homme),
  • gender fluid (quand le genre oscille entre la masculinité et la féminité)
  • ou encore agenre (qui ne s’identifie à aucun genre, et cette absence de genre est une identité de genre à part entière)

Rôles sexuels

Les rôles sexuels sont une construction purement sociale des rôles sociaux attribués à chaque sexe. Ils se réfèrent aux comportements, aux traits, aux préférences et aux caractéristiques culturellement associés aux garçons et filles, hommes et femmes.

Orientation sexuelle

L’orientation sexuelle est définie par l’objet de l’attirance et du désir : un individu peut se sentir attiré

  • par les personnes du sexe opposé (hétérosexuel),
  • par les personnes du même sexe (homosexuel),
  • par les deux (bisexuel)
  • ou par aucune (asexuel). 

A noter qu’il existe une distinction entre l’attirance sexuelle et l’attirance sentimentale.

Les combinaisons de ces différentes caractéristiques (attirance sexuelle et attirance sentimentale) expliquent ainsi la multitude d’orientations sexuelles possibles, que l’on regroupe sous le terme « queer » :

  • aromantiques,
  • asexuels,
  • demisexuels,
  • demiromantiques,
  • graysexuels,
  • lithromantiques,
  • pansexuels,
  • polysexuels,
  • sapiosexuels,
  • skoliosexuels
  • etc…

Préférences sexuelles

On pourrait également rajouter à ce graphique une colonne qu’on appellerait les préférences sexuelles et qui définissent et détaillent les caractéristiques des pratiques et des partenaires qui vont susciter le désir : âge, stature, morphologie, comportements, pratiques sexuelles etc…

Le bonhomme GINGENRE pour mieux comprendre les identités sexuelles

« Genre non conforme » et dysphorie de genre

Il est très important de connaître la différence qui existe entre la non-conformité de genre et la dysphorie de genre.

Non-conformité de genre

Il y a non-conformité de genre quand l’identité, le rôle ou l’expression de genre d’une personne diffère de la norme culturelle prescrite pour les personnes d’un sexe déterminé1, et donc, lorsque l’expression des caractéristiques de genre (identités incluses), ne sont pas stéréotypiquement associées au sexe d’assignation de naissance.

Cependant, cette non-conformité de genre est un phénomène humain commun et culturellement diversifié qui ne doit pas être considéré comme intrinsèquement pathologique ou négatif2.

En 2010, l’Association professionnelle mondiale pour la santé des personnes transgenres a publié une déclaration exhortant à la dé-psychopathologisation de la non-conformité de genre à travers le monde (l’homosexualité était considérée comme une pathologie psychiatrique jusqu’en 1992)

La non-conformité de genre est stigmatisée, source de préjugés et de discrimination dans de nombreuses sociétés à travers le monde : en 2018, une enquête IFOP révélait que 53 % des personnes LGBT ont déjà été confrontés au cours de leur vie à au moins une forme d’agression en raison de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre. Ces discriminations et violences affectent la santé des personnes qui les subissent de manière globale (physique et mentale).

Dysphorie de genre

A l’inverse, il existe une maladie, répertoriée dans le manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, qui s’appelle la dysphorie de genre et qui renvoie à la souffrance causée par la discordance entre l’identité de genre d’un individu et son sexe d’assignation à la naissance 3.

Il y a donc des personnes qui ont un genre non-conforme et qui n’en souffrent pas, ils vivent de cette façon et vont très bien.

Mais il y a des personnes qui ont un genre non-conforme et qui vont en souffrir.

Cet état de souffrance, qui est alors lié au mal être que l’individu ressent intérieurement parce que les organes génitaux qui lui ont été attribués « par la nature » sont trop éloignés de la représentation qu’il se fait de son propre genre, ne peut être amélioré que par un processus de « réparation » physique :

  • On donne alors des hormones mâles aux hommes transgenres et des hormones femelles aux femmes transgenres afin que leur corps puisse ressembler à leur identité de genre.
  • Parfois, on est également amené à pratiquer des opérations chirurgicales.

Pour en savoir plus : écouter l’interview du Dr Nicolas Morel Journel, spécialiste de la reconstruction des organes génitaux externes des personnes transgenre.

Un outil pour améliorer la prise en charge des personnes transgenres

Transidenticlic est une boîte à outils numérique à destination des professionnels de santé, réalisée dans le cadre du travail de Thèse en médecine de la Dr Clara DELANNOY, qui a pour but d’aider à l’accueil, l’accompagnement et le suivi médical des patients et des patientes transgenres, afin d’assurer une prise en charge efficace, conforme aux dernières données de la science, bientraitante et respectueuse.

En tant que population particulièrement sensible et sujette aux discriminations et violences, il est important de montrer un maximum de bienveillance en respectant quelques principes comme :

  • utiliser les pronoms correspondant au genre de la personne (il / elle / iel), et non à son aspect physique ou au genre noté sur la carte vitale
  • éviter lors de la première consultation de poser des questions sur le deadname, des détails sur les pratiques sexuelles ou sur le physique, même si c’est pour faire un compliment, du type “on dirait vraiment que vous êtes une femme”/“Est-ce que vous êtes opéré ?”, etc. 
  • Pratiquer un examen clinique uniquement des parties du corps en rapport avec le motif de consultation et expliquer le déroulement de l’examen en amont afin de prévenir les angoisses. Leur corps a beaucoup été manipulé, transformé parfois. 
  • Ne plus parler de « transsexuel » pour parler des personnes transgenre. En effet, le mot « sexuel » n’a finalement rien à voir avec le sujet, puisque ce n’est pas une histoire de sexualité… mais de genre ! On utilise donc soit le mot « transgenre » soit le terme « non-binaire ».
  • Etc…

Nous y abordons les concepts d’identité de genre, mais également les homosexualités, les concepts de santé sexuelle et les bases anatomo-physiologiques de la sexualité.

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Références

  1. Institute of Medicine, 2011[]
  2. Conseil d’Administration de la WPATH, 2010[]
  3. Knudson et Al, 2010[]