Mutilations génitales féminines en France et dans le monde : comment les prévenir ?
En France, on estime à environ 125 000 le nombre de femmes mutilées sexuellement1, et dans un cas sur dix, les filles de ces femmes mutilées le seront également.
Pour réduire les risques de mutilation sexuelle auxquels sont exposées les filles originaires des pays où elle est pratiquée, la Haute Autorité de Santé a publié des recommandations2. Celles-ci visent à parfaire l’accueil et la prise en charge des enfants, des adolescentes et des femmes concernées.
Qu’est-ce qu’une mutilation sexuelle ?
Toute atteinte ou ablation partielle ou totale d’une partie des organes génitaux externes, mais qui n’a pas de visée thérapeutique est qualifiée de mutilation sexuelle.
On cite en exemple l’amputation totale ou partielle du clitoris, celle des petites lèvres avec ou sans excision des grandes lèvres, ou le rétrécissement de l’orifice vaginal. Ce dernier s’accompagne souvent d’un recouvrement par l’ablation et l’accolement des petites ou des grandes lèvres, avec ou sans infibulation.
La scarification, le percement, l’étirement des petites lèvres ou l’application de matières caustiques sur les vulves ou le vagin sont aussi qualifiés comme telle.
Les pays qui pratiquent la mutilation sexuelle
Bon nombre de pays pratiquent la mutilation sexuelle, mais ce sont la Somalie, la Gambie, la Guinée, le Djibouti, l’Égypte, la Sierra Leone et autres qui en font surtout une coutume.
C’est aussi le cas du Burkina Faso, de la Mauritanie et de l’Éthiopie où la plupart des femmes sont excisées.
En France, les filles de 0 à 18 ans dont les parents sont originaires de ces pays sont les plus à risque, car susceptibles d’en faire l’objet.
C’est pourquoi la Haute Autorité de Santé a élaboré ses recommandations de bonnes pratiques afin de les prendre en charge.
La loi française sur la mutilation sexuelle
La France fait partie des pays qui pénalisent la mutilation génitale même si elle est effectuée à l’étranger.
Cette pratique est jugée comme un crime, donc interdite sur tout le territoire français.
La peine encourue a été montée à 15 ans d’emprisonnement si l’intervention est commise sur un mineur de moins de quinze ans.
La législation en vigueur protège ainsi tous les enfants qui vivent sur le territoire français, quelle que soit leur nationalité.
Les facteurs de risque
Une mineure risque de subir une mutilation génitale si ses parents sont originaires d’une communauté qui pratique l’excision.
Elle l’est aussi si sa mère, sa sœur ou ses cousines ont toutes été excisées.
La grand-mère ou la tante pourrait ainsi la faire pratiquer, même sans l’autorisation des parents de l’enfant.
Il en est de même si sa famille croit que c’est le meilleur moyen de respecter la culture, les coutumes et la religion des ancêtres.
La prise en charge d’un risque de mutilation génitale féminine
S’il prend connaissance d’un risque de mutilation sexuelle féminine sur une patiente, tout professionnel médical doit en informer immédiatement la Cellule de Recueil des Informations Préoccupantes du Conseil Départemental (CRIP)3.
Si ce risque est imminent, il doit urgemment le signaler au Procureur de la République du Tribunal de Grande Instance relatif au domicile de la patiente.
Pendant une consultation pour mutilation génitale, il doit aussi rassurer la patiente et lui donner toutes les informations nécessaires. Il doit la prendre en charge de manière globale tant sur le plan psychique que sexuel ou psychocorporel afin de l’orienter vers les associations d’aides aux victimes.
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Références
- Lesclingand M, Andro A, Lombart T. Estimation du nombre de femmes adultes ayant subi une mutilation génitale féminine vivant en France. Bull Epidémiol Hebd. 2019;(21):392-9. http://beh.santepubliquefrance.fr/beh/2019/21/2019_21_1.html[↩]
- Haute Autorité de Santé. Prise en charge des mutilations sexuelles féminines par les professionnels de santé de premier recours. Saint-Denis La Plaine: HAS; 2020. https://www.has-sante.fr/jcms/p_3150640/fr/prise-en-charge-des-mutilations-sexuelles-feminines-par-les-professionnels-de-sante-de-premier-recours[↩]
- Coordonnées des CRIP de France : https://sexoblogue.fr/wp-content/uploads/coordonnees-des-crip-france.pdf[↩]
« Toute atteinte ou ablation partielle ou totale d’une partie des organes génitaux externes, mais qui n’a pas de visée thérapeutique est qualifiée de mutilation sexuelle. » et du coup on dit quoi pour la circoncision ?
La circoncision, si elle est faite en dehors de toute indication médicale, peut effectivement être considérée comme une mutilation sexuelle. Cependant la circoncision n’a pas d’équivalent chez la femme. En effet, l’équivalent anatomique de l’excision chez l’homme serait de couper le gland…
Quelle horreur ! Comme vous le dites, la reconstruction psychique peut être longue !
C’est vraiment triste que, malgré le niveau d’information que nous avons maintenant avec internet, les communautés qui pratiquent encore cet acte de barbarie (il n’y a pas d’autre mot qui me vient) ne soient pas plus sensibilisées. Merci pour cet article qui non seulement éduque en aidant à comprendre la situation, mais aussi aide à propager l’information.
Ça donne vraiment envie de vomir. Je ne comprends vraiment pas comment cette pratique peut continuer, je veux dire : les gens de ces pays doivent bien se rendre compte que 10 à 15% des filles meurent après l’intervention et de tous les problèmes que ça entraîne ! Comment peuvent-ils ignorer les infections, les douleurs, les décès ?
Je n’avais pas trop conscience de cette horreur. Je suis carrément malade après avoir lu ton article. Merci pour cette prise de conscience !
C’est horrible !
Merci pour cette article, une aide psychologique est définitivement nécessaire pour celle qui ont vécu cette horreur.
Mais qu’en est-il de la circoncision ? Est-ce que c’est autorisé en France ?
Merci
Article super intéressant, j’en avais déjà entendu parler mais sans rentrer dans le détail. C’est dramatique ce genre de pratique …
Contribution artistique à votre article : plasticienne engagée, j’ai réalisé des oeuvres sur le sujet des femmes et des violences. Notamment une série intitulée « Infibulation », que j’ai pu présenter à 400 lycéens français pour la Journée des Femmes. Le dialogue fut incroyable avec des élèves qui découvraient cette pratique barbare.
A découvrir : https://1011-art.blogspot.fr/p/blog-page.html
Mais aussi une oeuvre plus pudique intitulée « Noli me tangere » sur l’inviolabilité du corps de la femme : https://1011-art.blogspot.fr/p/noli-me-tangere.html
Quand l’art permet de parler directement des violences et d’ouvrir le débat.
Merci beaucoup pour votre contribution et pour partager avec nous votre art engagé. Il est inspirant de voir comment l’art peut jouer un rôle crucial dans la sensibilisation à des sujets importants tels que la violence à l’égard des femmes et des pratiques telles que l’infibulation.
Le fait que vous ayez pu présenter cette série à 400 lycéens et susciter un dialogue est une réalisation impressionnante.