Comment minimiser l’impact négatif du surpoids et de l’obésité sur la sexualité ?
Dans notre société où le nombre de personnes en surpoids augmente, maintenir une vie sexuelle et affective satisfaisante chez ces personnes devient un vrai challenge. En effet, les études ont démontré l’impact négatif du surpoids sur la sexualité aussi bien chez l’homme (troubles de l’érection, diminution de la taille de la verge) que chez la femme (baisse du désir, baisse de la sensibilité et du plaisir)1.
Le surpoids, une condition épidémique
Actuellement, pas moins de 1,9 milliard d’adultes sont en surpoids (IMC > 25), et 350 millions d’adultes souffrent d’obésité (IMC > 30), un chiffre en constante augmentation depuis quelques dizaines d’années2. C’est un fléau de santé publique qui touche surtout les personnes vulnérables des pays industrialisés.
Quand le surpoids entraîne des troubles sur la sexualité
Les causes du surpoids sont multiples, souvent la conséquence de mauvaises habitudes alimentaires, conjuguées à une sédentarité, une prédisposition génétique à la prise de poids et des facteurs environnementaux.
On parle de surpoids pour un Indice de masse corporelle (IMC) supérieur à 25, d’obésité lorsque l’IMC est supérieur à 30, et enfin d’obésité morbide pour un IMC supérieur à 40.
Outre le risque de diabète sucré, d’hypertension artérielle et de maladies cardiovasculaires, le surpoids impacte également la vie sexuelle des personnes qui en sont atteintes4.
Les conséquences du surpoids sur la vie sexuelle des hommes
On a pu démontrer qu’il existait une corrélation entre obésité masculine, hypogonadisme (déficit en testostérone), et dysfonction érectile5.
De manière générale, il est maintenant démontré que les hommes souffrent de surpoids ont une altération de la fonction sexuelle6. Ce symptôme est augmenté en cas d’hypertension artérielle et d’apnées du sommeil.
Les œstrogènes, hormones sexuelles féminines, sont parfois retrouvées en quantité importante chez ces patients7, ce dérèglement hormonal étant en général associé à des troubles de l’érection8.
À cause de la graisse pubienne qui absorbe la base du pénis, il est fréquent de voir la taille de la verge diminuer, entraînant parfois des difficultés lors de la pénétration. Ces difficultés sont telles que les hommes souffrant de surpoids peuvent parfois ne plus avoir confiance en leurs performances sexuelles, ce qui peut également par la suite éroder le désir sexuel.
Les conséquences du surpoids sur la vie sexuelle des femmes
Les femmes qui souffrent de surpoids subissent elles aussi des conséquences négatives sur leur vie sexuelle.
Le surpoids peut entraîner des difficultés à initier un rapport sexuel, certaines positions pouvant être rendues difficiles à cause de la graisse accumulée à certains endroits (cuisses, fesses et bas-ventre). Cela entraine alors parfois une baisse du plaisir ressenti lors de l’acte sexuel, une difficulté à atteindre l’orgasme, puis dans les suites, une diminution de la libido pouvant aller jusqu’à un évitement de la sexualité.
On constate également que troubles alimentaires, dépression et troubles sexuels sont bien souvent associés au surpoids.
Une étude de 20099 a démontré que plus de 66% des femmes présentant un trouble alimentaire se plaignent d’une perte de libido, et que 60% présentent de l’anxiété vis-à-vis de la sexualité (contre 15 % pour les femmes qui n’ont pas de problèmes alimentaires).
Les femmes souffrant de troubles alimentaires sont également davantage en conflits avec leur partenaire, en changent plus souvent et, de manière générale, font moins souvent l’amour. Il semblerait également qu’elles mettent plus de stratagèmes en place visant à éviter les rapports sexuels.
Quand un problème sous-jacent organique ou psychique peut être à l’origine du surpoids
Certaines maladies peuvent être à l’origine d’une prise de poids importante comme l’hypothyroïdie, la dépression, le syndrome de Cushing, la prise de certains médicaments etc. Ces maladies vont également entrainer des difficultés sexuelles notamment liées à la fatigue chronique qu’elles génèrent, et il est important d’éliminer une de ces pathologies sous-jacentes dans le bilan initial.
Des traumatismes anciens (et notamment sexuels) peuvent être à l’origine de troubles du comportement alimentaire, allant parfois jusqu’à entraîner des problèmes de surpoids, voire d’obésité.
Les études scientifiques internationales ont en effet montré que :
- Les troubles psychotraumatiques augmentaient le risque de surpoids, particulièrement chez les femmes et les enfants ayant subi des violences
Devant tout trouble alimentaire chez un enfant, un adolescent ou un adulte, il est donc essentiel de rechercher si des violences ont été subies ou sont subies, les professionnels de santé devraient poser systématiquement la question à tous leurs patients10
Comment traiter ces dysfonctions sexuelles chez les personnes en surpoids ?
1) La perte de poids
En perdant du poids, un homme souffrant de surpoids peut améliorer sa libido et sa fonction érectile. Cela peut dont être une motivation à lui donner pour l’inciter à faire les efforts nécessaires afin de réduire son IMC.
Une célèbre étude, celle d’Esposito11 avait démontré les bienfaits d’un régime alimentaire amaigrissant adapté et l’adoption d’activité physique régulière consistant à ne consommer que 1700 kcal/jour afin de perdre 10 % de son poids en 2 ans. Grâce à cette méthode, 30 % des hommes en surpoids peuvent de nouveau avoir une bonne érection sans même prendre des médicaments.
La meilleure prise en charge consiste ainsi à les aider à perdre du poids grâce à une activité physique régulière et à mettre en place une sexothérapie avec des conseils et des exercices adaptés.
En retrouvant une sexualité, les hommes et les femmes souffrant de surpoids peuvent de nouveau avoir confiance en eux, ressentir une amélioration de l’humeur et être plus motivés à perdre du poids12.
2) Les traitements pharmacologiques
Comme traitement médicamenteux contre la dysfonction érectile, les IPDE5 ont fait leurs preuves, à condition qu’il n’y ait pas de contre-indication médicale à la prise de ces médicaments.
Au cas où l’on n’obtienne pas les résultats espérés, les injections intracaverneuses constituent une alternative particulièrement efficace13.
Enfin, il peut être bénéfique de supplémenter en testostérone les hommes présentant un hypogonadisme, ce qui aurait pour effet d’agir sur la libido, le volume éjaculatoire et sur la fonction orgasmique, mais également agir positivement sur les marqueurs métaboliques et les risques cardiovasculaires14.
3) Savoir accepter son propre corps
Quoi qu’il en soit, un accompagnement psychologique est aussi nécessaire pour traiter les dysfonctions sexuelles des personnes souffrant de surpoids.
Cela leur permet d’avoir de nouveau confiance en eux en dépit de leur surpoids, et d’être assez motivés pour suivre le régime alimentaire conseillé.
Il en est de même pour les activités physiques adaptées qui leur permettent de retrouver un corps plus harmonieux. Difficile en effet de se déshabiller devant son partenaire quand on souffre d’obésité.
Par peur du regard de l’autre, une personne en surpoids peut ne pas avoir envie de dévoiler son corps et risque de bannir toute activité sexuelle de sa vie.
Et après ?
L’accompagnement psychologique et sexologique sera pertinent tout au long du processus d’amaigrissement, et surtout après la perte de poids.
En effet, le corps se modifiant, la représentation que la personne a d’elle-même également. Un travail d’acceptation de ce « nouveau corps » est important.
Parfois, il est nécessaire de proposer un soutien au couple, car c’est également un changement pour le partenaire. Ce dernier va devoir s’adapter aux modifications corporelles d’une personne qu’il a connu avec des formes qu’il appréciait et qui ont pu disparaitre avec les kilos en moins.
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Références
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- « Trends in Adult Body-Mass Index in 200 Countries from 1975 to 2014: A Pooled Analysis of 1698 Population-Based Measurement Studies with 19·2 Million Participants ». The Lancet 387, no 10026 (2 avril 2016): 1377 96. https://doi.org/10.1016/S0140-6736(16)30054-X.[↩]
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- Mokdad, A. H. et Al. « The Continuing Epidemics of Obesity and Diabetes in the United States ». JAMA 286, no 10 (12 septembre 2001): 1195 1200. https://doi.org/10.1001/jama.286.10.1195.[↩]
- Meldrum, D. R. et Al. « Lifestyle and Metabolic Approaches to Maximizing Erectile and Vascular Health ». International Journal of Impotence Research 24, no 2 (avril 2012): 61 68. https://doi.org/10.1038/ijir.2011.51.[↩]
- Kolotkin et Al. « Sexual Functioning and Obesity: A Review ». Obesity (Silver Spring, Md.) 20, no 12 (décembre 2012): 2325 33. https://doi.org/10.1038/oby.2012.104.[↩]
- Cohen, Paul G. « Obesity in Men: The Hypogonadal-Estrogen Receptor Relationship and Its Effect on Glucose Homeostasis ». Medical Hypotheses 70, no 2 (2008): 358 60. https://doi.org/10.1016/j.mehy.2007.05.020.[↩]
- Hofstra, J. et Al. « High Prevalence of Hypogonadotropic Hypogonadism in Men Referred for Obesity Treatment ». The Netherlands Journal of Medicine 66, no 3 (mars 2008): 103 9.[↩]
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