Les fantasmes contribuent à l’épanouissement sexuel
En tant que sexologues, nous rappelons à nos patients que l’imaginaire érotique est une composante bénéfique à une sexualité épanouie tant pour les femmes que pour les hommes, car ils créent et maintiennent le désir et l’excitation tout au long de l’acte sexuel, c’est à dire du désir à l’orgasme.
Interroger les patients sur la présence ou non, ainsi que sur le contexte et la fréquence de leurs fantasmes sexuels, peut ainsi nous aider à la compréhension du fonctionnement de sa sexualité.
Bien souvent, en matière de dysfonctions sexuelles, notamment en ce qui concerne les troubles du désir, nous constatons chez nos patients un échec de l’activité fantasmatique et de ses fonctions.
Qu’entend-on par « fantasmes sexuels » ?
Les fantasmes sexuels sont des scénarios érotiques, très souvent avec le même script, réaliste ou imaginaire, qui peuvent entrainer ou non une excitation sexuelle.
On ne peut pas complètement les contrôler et ils sont le fruits de nos désirs à la fois conscients et inconscients, révélant ainsi une part de qui nous sommes.
De position d’acteur ou de voyeur, en matière de fantasmes, les rôles et interprétations de chacun sont interchangeables et tout est possible en pensée.
Et justement, les fantasmes font partie du domaine de l’intime et la plupart du temps on ne les expriment à personne, parfois même pas à soi-même !
Une vision du fantasme différente pour chacun
Pendant longtemps il a été tabou d’évoquer l’existence de cette part imaginaire et secrète de la sexualité humaine, principalement pour des raisons sociétales et religieuses. Puis les fantasmes, tout comme l’intérêt pour la sexualité, étaient perçus comme étant uniquement l’apanage de l’homme. Des conceptions remises en cause de nos jours, notamment grâce à la libération sexuelle, à la libération de la parole des femmes ainsi qu’aux études et découvertes menées dans le domaine de sexualité humaine.
Notons que, suivant les moeurs et les coutumes, c’est toujours le cas, et que certains fantasmes peuvent être considérés comme déviants ou non en fonction des croyances socio-culturelles de l’environnement d’un individu.
De nos jours, nos fantasmes sexuels sont favorisés, autorisés, banalisés, mêmes formulés par la société dans laquelle nous nous trouvons et les technologies que nous avons à disposition (accès illimité aux images pornographiques, aux lieux de rencontres réels ou virtuels etc.).
Fantasmer (et le faire savoir) devient presque une norme sexuelle. Ce constat pourrait d’ailleurs déstabiliser et culpabiliser ceux qui rencontrent des difficultés dans leur sexualité.
Quel est le destin de nos fantasmes : réalisation ou jardin secret ?
L’éternelle question a toujours sa place… Néanmoins, rappelons aux hédonistes qu’une part non négligeable de nos fantasmes reste subversive au regard de la loi, de l’ordre social existant ou simplement de notre propre code moral (fantasme de viol, d’exhibitionnisme, de voyeurisme, sadomasochisme violent etc.). Ces types de fantasmes ont plutôt vocation à rester en pensée qu’en acte, afin de pouvoir continuer à jouer leurs rôles de régulateurs des pulsions.
La jouissance à penser et la capacité imaginative de l’être humain (en ce qui concerne notre sujet : la possibilité d’élaborer en pensée des situations à caractère sexuel), permettent l’émergence d’une zone érogène supplémentaire qui serait essentiellement psychique. Car l’univers fantasmatique érotique de l’individu nourrit sa sexualité et le désir qui l’accompagne.
C’est pourquoi nous savons que les fantasmes n’ont pas nécessairement vocation à être réalisés. En revanche, ils ont un rôle important dans la sexualité active.
Fantasmes et satisfaction sexuelle ont rendez-vous
L’imaginaire érotique précède l’activité sexuelle et se construit au cours de la vie et des expériences de l’individu, mais également en fonction de son histoire personnelle singulière et de son environnement social et culturel.
Les fantasmes sexuels constituent des images et des représentations mentales liées à une ou plusieurs expériences spécifiques de l’individu, déjà vécues ou souhaitées. Ces représentations intimes de la sexualité, propres à chacun, sont les déterminants de la sexualité de l’individu.
En effet, au cours de notre vie, nous construisons notre univers fantasmatique individuel, qui nous échappe la plupart du temps, qu’on ne peut totalement contrôler ou assumer, mais qui nous permet de continuer à désirer.
Le rapport sexuel partagé avec un autre est aussi une rencontre de ces deux univers érotiques conscients et inconscients avec cette part d’ombre qui échappe.
Ce monde interne érotique peut survenir à n’importe quel moment du jour ou de la nuit mais est surtout mobilisé par les hommes et femmes, soit au cours de l’activité auto-érotique masturbatoire, soit dans une sexualité partagée avec un ou d’autres.
Sébastien GARNERO, psychologue et sexologue, montre dans son étude1, réalisée à la suite d’une enquête interrogeant 523 hommes et femmes sur leurs fantasmes, qu’un imaginaire érotique riche participerait au sentiment de satisfaction sexuelle.
La majorité des participants à l’étude déclarent être satisfaits de leur sexualité (82%), c’est-à-dire sans rencontrer de difficultés notables dans leur sexualité.
Les résultats de l’étude permettent de conclure que les fantasmes sexuels sont fréquents chez les hommes et les femmes, principalement plus récurrents chez les hommes, en moyenne 2 à 3 fois par semaine.
Les fantasmes se produisent largement en dehors de toute pratique sexuelle. Ils permettent pour une large majorité d’explorer des pensées et des pratiques sexuelles différentes. Enfin, ils agissent comme des activateurs de l’excitation et aident à augmenter l’excitation avec son partenaire.
Les fantasmes des hommes et des femmes sont majoritairement structurés avec des contenus sexuels explicites, mais radicalement différents et opposés au niveau des contenus entre les deux sexes même s’il y a des thématiques communes.
Les 15 principaux fantasmes féminins et masculins qui ressortent de cette étude sont, dans l’ordre de préférence :
1 | Fantasmes exhibitionnistes et voyeuristes (avoir une relation sexuelle dans un lieu insolite, une voiture etc…) | 68% |
2 | Avoir un rapport sexuel avec pénétration vaginale (fantasme bien équilibré au niveau féminin et masculin autour de cette zone fortement érogène) | 60% |
3 | Adopter des positions sexuelles particulières. | 48% |
4 | Avoir un rapport sexuel avec pénétration anale. | 45% |
5 | Faire l’amour avec son ou sa partenaire régulier(e). | 41% |
6 | Revivre une relation sexuelle antérieure. | 39% |
7 | Etre caressé(e) par un homme une femme avec beaucoup d’affection | 37% |
8 | Se faire attacher. | 35% |
9 | Faire l’amour avec un(e) inconnu(e). | 34% |
10 | Faire l’amour avec un(e) collègue de travail. | 33% |
11 | Se faire bander les yeux. | 33% |
12 | Pratiquer une fellation/cunilingus | 33% |
13 | Faire l’amour avec deux partenaires ou plus. | 30% |
14 | Faire l’amour avec une personne du même sexe. | 29% |
15 | Faire l’amour avec un(e) ami(e). | 29% |
Des fantasmes parfois cause de souffrance
Il important de souligner que pour certains, l’imaginaire érotique est synonyme de souffrance, car envahissant, incontrôlable, constitué de fantasmes essentiellement pathologiques. Outre le mal-être profond que cela entraine, un risque existe qu’un jour le fantasme ne suffise plus et ne joue plus son rôle de substitut à la réalité.
Des lieux de consultations avec des professionnels spécialisés existent (CRIAVS en région, PedoHelp® sur internet) pour en parler et empêcher un passage à l’acte répréhensible et susceptible de faire des victimes.
En conclusion
L’acte sexuel peut tout à fait se suffire à lui-même2, mais l’imaginaire érotique est un véritable appui bénéfique à la sexualité de l’individu. Un univers fantasmatique riche contribue à enrichir la sexualité à deux et augmente l’excitation et la complicité au sein du couple lors du rapport sexuel. Il est donc important de cultiver cette part psychique active dans notre sexualité.
- Les 3 raisons qui font que le soignant DOIT aborder la question de la sexualité avec les patients
- Les freins et fausses croyances qui vous empêchent de le faire
- Les techniques et les outils pour aborder la sexualité en consultation
- triées par niveau
- et par type de ressource (brochure, boîte à outils, capsules vidéos, jeu etc.)
- pour vous aider dans vos actions d’éducation à la vie sexuelle et affective
- Vous aider à trouver le sexologue le plus adapté à vos difficultés
- Déterminer les situations devant amener à consulter
- Comprendre en quoi consiste une consultation de sexologie
Un cadeau spécial pour vous !
Vous êtes professionnel de santé ?
Vous cherchez des outils pour intégrer la santé sexuelle à vos consultations ?
Recevez gratuitement notre mini-formation « Comment aborder la sexualité avec les patients ? » comprenant :
Vous êtes professionnel de l'éducation ?
Vous avez besoin d'outils pratique en éducation sexuelle ?
Recevez gratuitement notre pack « Education à la vie sexuelle et affective - Les ressources gratuites pour les professionnels de l’éducation » comprenant 47 ressources gratuites
Vous êtes un•e patient•e ?
Vous cherchez des solutions à vos difficultés d'ordre sexuel ou relationnel ?
Recevez gratuitement notre ebook « Comment choisir son Sexologue ? » pour :
Références
- GARNERO S. Imaginaire érotique et fantasmes sexuels [Mémoire pour le Diplôme Inter Universitaire d’Etudes de la Sexualité Humaine]. [Paris, France]: Université Paris V Descartes; 2015. [↩]
- GARNERO, Sébastien. « Imaginaire érotique et fantasmes sexuels ». Sexualités Humaines, nᵒ 29 (avril 2016): p 22-34.[↩]
Bonjour ! J’avais vu un documentaire sur les fantasmes et ils parlaient d’un empereur je crois qui ne trouvait du plaisir qu’en sachant que sa femme couchait avec ses soldats. Mais je ne me souviens plus du nom du syndrome qu’on lui avait associé. Pouvez-vous me rafraîchir la mémoire ? Merci
Bonjour,
On appelle candaulisme la pratique sexuelle dans laquelle une personne ressent de l’excitation en exposant ou partageant son conjoint à une ou plusieurs personnes.
Par extension, on parle aussi de candaulisme lorsque des rapports sexuels ont lieu entre une ou plusieurs personnes de différents ou même sexes, devant le regard consentant et demandeur du partenaire exclusif de celle-ci.
Le terme vient du nom de Candaule, un roi semi-légendaire de Lydie, ayant régné vers le VIIIe siècle av. J.-C..
Le roi Candaule trouvait sa femme plus belle que toutes les autres. Sans cesse, il vantait à Gygès, officier de sa garde du corps, les charmes de son épouse et un jour, il l’invita à se convaincre, de visu, de la beauté de celle-ci. Gygès refusa l’offre sacrilège mais le roi insista, et il fini par céder.
L’histoire ne se fini pas bien pour le roi Candaule, qui fini par mourir poignardé par l’homme qui l’a cocufié, et qui lui pris ensuite sa couronne.
En espérant vous avoir renseigné.
Cordialement.
Ouiiiiiii c’est ca ! Ah merci c’est pénible quand on ne retrouve pas ! Merci beaucoup
Merci pour cet article sur l’importance des fantasmes dans l’épanouissement sexuel. En complément, j’ai trouvé une analyse intéressante sur le top 5 des fantasmes intimes et leur rôle dans les relations de couple. Il est fascinant de voir comment ces désirs cachés peuvent non seulement enrichir notre vie sexuelle mais aussi renforcer la complicité entre partenaires. Voici le lien pour ceux qui veulent explorer davantage : Top 5 des fantasmes intimes. https://www.eroasis.com/histoire-erotique/fantasme-intime/