stomachache in old women

"Ces résultats constituent une première preuve que le déclenchement de la ménopause peut s'adapter en fonction de la probabilité de tomber enceinte ou non", estime l'une des auteures de l'étude.

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L'activité sexuelle des femmes pourrait finalement jouer un rôle plus important que prévu dans le déclenchement de la ménopause. C'est ce que suggère une étude réalisée par deux chercheuses de l'University College de Londres (UCL), publiée dans la revue Royal Society Open Sciencemercredi 15 janvier. Selon ces travaux, les femmes qui pratiquent une "activité sexuelle" par semaine ont 28% de risques en moins d'être touchées par une ménopause précoce par rapport à celles qui ont moins d'une relation par mois. Dans la même logique, les femmes qui pratiquent au moins une relation sexuelle par mois ont 19% de chance en moins de développer une ménopause précoce par rapport à celles qui ont moins d'un rapport mensuel.

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La ménopause est un phénomène naturel qui se déroule en moyenne à 51 ans. Elle est diagnostiquée lorsque le fonctionnement ovarien cesse et lorsque l'absence de règles dure 12 mois. Si elle se déclenche à 45 ans ou avant, elle est qualifiée de précoce.

2936 femmes suivies pendant dix ans

Pour réaliser leurs travaux, les chercheuses ont recueilli les données de 2 936 femmes recrutées en 1990 et suivies pendant dix ans dans le cadre de la cohorte SWAN, une étude américaine sur la ménopause. Les participantes, âgées de 45 ans en moyenne au début du suivi étaient pour la plupart mariées ou en couple. Lors du suivi, elles devaient notamment indiquer la fréquence et la nature de leurs rapports sexuels : sexe "classique", oral, caresses ou masturbation. 64% des participantes déclaraient alors pratiquer au moins une activité sexuelle par semaine.

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Si aucune d'entre elles n'était encore ménopausée au début de l'étude, 46% commençaient déjà à ressentir des symptômes de ménopause précoce, comme des changements dans le cycle menstruel ou des bouffées de chaleur. Au terme de l'étude SWAN, 45% des participantes ont déclaré être ménopausées autour de 52 ans en moyenne.

Pour autant, ces résultats n'expliquent pas la corrélation entre la fréquence des rapports sexuels et le déclenchement de la ménopause. Autrement dit, si ces deux phénomènes sont concomitants, rien ne prouve qu'il existe un lien de cause à effet. Rien ne dit, donc, qu'augmenter la fréquence des rapports sexuels permet de retarder la ménopause. En effet, la fréquence des rapports sexuels et le déclenchement de la ménopause pourraient être déterminés par un facteur hormonal ou biologique qui n'a pas été mesuré dans l'étude. Dans ce cas, il n'y aurait pas de lien de causalité entre les deux.

L'hypothèse de la grand-mère

Les auteures avancent néanmoins quelques pistes. L'activité sexuelle pourrait notamment être un indicateur permettant au corps de déterminer s'il existe une probabilité de tomber enceinte ou non et d'agir en fonction, par exemple en stimulant la libération d'oestrogènes, une hormone qui participe au mixte chimique responsable de la libération des ovules. L'absence de rapports sexuels pourrait pousser le corps à abandonner le processus d'ovulation.

"Les résultats de notre étude suggèrent que si une femme n'a pas de rapports sexuels et qu'il n'y a aucune chance de grossesse, alors son corps 'choisirait' de ne pas dépenser d'énergie dans le processus d'ovulation, car cela serait inutile : il y aurait alors une sorte d'arbitrage biologique se déroulant à l'intérieur du corps entre 'dépenser de l'énergie dans l'ovulation' ou garder cette énergie pour, par exemple, favoriser l'activité et permettre de s'occuper des petits-enfants", avance Megan Arnot, doctorante à l'UCL et co-auteure de l'étude, dans un communiqué publié par l'UCL.

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Si tel est le cas, cela confirmerait alors "l'hypothèse de la grand-mère", une théorie qui tente d'expliquer comment et pourquoi la ménopause s'est invitée dans le processus d'évolution de l'humanité, alors que ce phénomène reste extrêmement rare chez les autres mammifères. Selon cette théorie, "l'âge d'infertilité" serait apparu afin de réduire la concurrence entre les différentes générations de femmes et pour assurer la survie et l'épanouissement des petits-enfants.

Pendant l'ovulation, le système immunitaire d'une femme est affaibli, l'organisme est alors plus vulnérable aux maladies. S'il n'y a aucun signe qu'une grossesse est probable, par exemple par manque d'activité sexuelle, alors il serait logique que le corps réagisse en allouant son énergie dans des processus plus efficaces ou nécessaires.

Le sexe du partenaire n'a pas d'influence

Mais ces hypothèses ne sont pas démontrées dans l'étude et devront faire l'objet de nouvelles recherches. "L'ensemble des mécanismes hormonaux entourant la ménopause est encore très mal compris", regrette Megan Arnot. "La ménopause est inévitable pour les femmes et il n'y a aucune intervention comportementale qui l'empêche. Néanmoins, ces résultats constituent une première preuve que le déclenchement de ce processus peut s'adapter en fonction de la probabilité de tomber enceinte ou non", estime Ruth Mace, anthropologue évolutionniste à l'UCL et co-auteur de l'étude.

Les chercheuses se sont également penchées sur la question du partenaire sexuel. Selon les résultats, le fait de vivre avec un partenaire masculin ne joue aucun rôle. L'exposition aux phéromones masculines n'expliquerait donc pas les résultats obtenus.

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