Dans le cancer de la prostate localisé, les résultats des différentes stratégies thérapeutiques semblent similaires sur la survie. La qualité de vie et notamment la préservation de la fonction sexuelle peut alors devenir un élément déterminant du choix entre les différentes options. En ce qui concerne la curiethérapie (Cth) le taux de maintien de la vigueur sexuelle varie selon les auteurs de 32 à 85 % (!). Si certains pointent du doigt l’irradiation bulbaire, le consensus se fait pour incriminer l’hypovascularisation. Une équipe japonaise a eu recours, pour apprécier la dysfonction érectile (DE) après Cth, le questionnaire IIEF-15 (index international de la fonction érectile, le plus complet pour évaluer le degré de DE), chez des hommes (dont la prostate ne dépassait pas 40 g sur l’échographie préopératoire) traités par implantation d’I125, et qui n’ont reçu ni radiothérapie externe, ni traitement hormonal ni inhibiteurs de la 5-phosphodiestérase.
Il s’est agi de 119 hommes suivis en moyenne pendant 3 ans après Cth (145 ou 160 Gy) ; le questionnaire IIEF-15 explorant la fonction érectile (divisée en 5 classes), la libido, la pénétration, l’orgasme et la satisfaction globale, a été rempli après 3, 6, 12, 18, 24 et 36 mois, cependant qu’on dosait régulièrement le PSA (antigène spécifique de la prostate).
Aucun sujet n’a eu de récidive biologique (ascension du PSA à 2 ng/ml) au cours du suivi. Il faut noter que 47 patients (40 %) avaient plus de 70 ans et que 70 (59 %) présentaient des pathologies lourdes associées (hypertension, diabète, coronarites). Surtout, 60 % des hommes souffraient avant la Cth de DE qualifiée de sévère, et seulement 13 % n’avaient aucun trouble. Avec un recul d’un an, la proportion des premiers avait augmenté à 74 % cependant que celle des seconds n’étaient plus que 6 %.
Quant aux scores qui mesurent la fonction érectile, ils se sont littéralement effondrés à 3 mois, et de façon définitive. Des constatations similaires ont été faites en ce qui concerne la libido, la fonction orgasmique, la pénétration et la satisfaction sexuelle globale, toutes moindres après qu’avant la Cth.
Le taux de détérioration des scores sexuels s’aggrave avec l’âge (50, 60 et 87 % pour les 6ème, 7ème et 8ème décennies). Le seul facteur prédictif de dommage lourd sur la vigueur sexuelle à 1 an est l’âge > 70 ans lors de la Cth.
Au total, la curiethérapie entraîne une détérioration sévère des performances sexuelles, notamment après 70 ans.
Références